Mémoires d’un escargot, le nouveau film d’animation d’Adam Elliot

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Mémoires d’un escargot, ou Memoir of a Snail en version originale, est un film d’animation dramatique réalisé par Adam Elliot. Présenté en avant-première mondiale lors du Festival international du film d’animation d’Annecy le 10 juin 2024, où il a reçu le Cristal du long métrage, le film est sorti en salles en France le 15 janvier 2025. Ce projet, produit par Arenamedia et Snails Pace Films, marque une nouvelle incursion du réalisateur dans le domaine de l’animation en pâte à modeler, après son succès avec Mary et Max.

Mémoires d’un escargot est film d'animation, réalisé par Adam Elliot.

, le nouveau film d'animation d'Adam Elliot

Une histoire d’amitié

L’histoire suit Grace Pudel, une adolescente australienne passionnée par les livres et les escargots. La mort de son père bouleverse son quotidien paisible. Séparée de son frère jumeau, Gilbert, elle est placée dans une famille d’accueil éloignée de son univers familier. Isolée, ignorée par ses tuteurs et confrontée au harcèlement scolaire, elle trouve du réconfort dans les lettres échangées avec son frère. Pourtant, son désespoir s’intensifie, la laissant enfermée dans une solitude oppressante.

C’est alors que sa rencontre avec Pinky, une octogénaire excentrique et bienveillante, change sa trajectoire. Par son originalité et sa sagesse, Pinky aide Grace à redécouvrir la joie de vivre. Grâce à cette amitié improbable, l’adolescente retrouve une nouvelle perspective sur elle-même et le monde qui l’entoure. Ce récit met en lumière la résilience face aux épreuves, tout en explorant les dynamiques intergénérationnelles et le pouvoir transformateur des relations humaines.

Un humour qui peine à trouver sa place

Dans Mémoires d’un escargot, Adam Elliot signe une œuvre profondément singulière, mais qui ne fait pas l’unanimité. L’animation en stop-motion, volontairement artisanale et lente, peut séduire par son originalité, mais elle donne aussi l’impression de manquer de vitalité. Là où d’autres films du genre insufflent un dynamisme visuel, Elliot choisit la pesanteur, ce qui finit par alourdir le rythme. De plus, le récit multiplie les épreuves tragiques vécues par Grace au point de saturer l’écran de drames. Ce trop-plein d’adversité, loin de renforcer l’impact émotionnel, dilue parfois l’attention et risque de basculer dans une forme d’autocomplaisance.

Le problème se retrouve également dans la gestion du ton. Certes, le film essaie de jouer sur l’équilibre entre l’humour noir et le pathétique, mais cet humour s’avère inégal, parfois écrasé par la sinistrose ambiante. Le dénouement, pensé comme une ouverture lumineuse, paraît alors forcé et presque artificiel, tant le spectateur a été maintenu dans la grisaille. En cherchant à mêler ironie et désespoir, Elliot frôle à plusieurs reprises l’exercice de style, ce qui limite la portée universelle de son récit.

Le duo de Grace et Pinky fonctionne parfaitement.

Un film qui bouscule les codes

Mais malgré ces réserves, il serait injuste de réduire Mémoires d’un escargot à ses maladresses. Elliot confirme une rare capacité à traiter de sujets sombres avec une sensibilité qui échappe au misérabilisme. La relation de Grace avec Pinky, figure fantasque et salvatrice, apporte un souffle inattendu, capable de réchauffer un film que l’on croyait condamné à la noirceur. Cet équilibre entre douleur et tendresse, maladroit par moments, réussit pourtant à donner naissance à des instants de grâce.

Enfin, la véritable force du film réside dans son ton intimiste et dans son refus des codes habituels de l’animation. Avec ses personnages cabossés, ses décors ternes où percent parfois des éclats d’humour, Mémoires d’un escargot ose une forme de poésie fragile. Si Elliot ne maîtrise pas toujours la subtilité de ses effets, il réussit néanmoins à livrer une œuvre touchante, qui interroge le spectateur sur la résilience et la nécessité de « sortir de sa coquille ». C’est un film bancal, mais profondément sincère, dont la rareté suffit à justifier l’expérience.

Mémoires d’un escargot se distingue par sa narration émotive et son style visuel unique. La maîtrise d’Adam Elliot dans l’art de l’animation en pâte à modeler confère au film une dimension artistique particulière, qui soutient avec finesse un propos sensible et humain. Ce long métrage, au-delà de son succès critique à Annecy, offre un récit poignant sur la perte, la résilience et l’importance des connexions humaines dans les moments les plus difficiles.

Points positifs
  • Animation en pâte à modeler maîtrisée, avec un style visuel artisanal unique
  • Récit touchant sur la résilience, la solitude et les liens humains
  • Personnages profonds, notamment la relation entre Grace et Pinky
  • Ton intimiste et sincère, qui s’éloigne des codes classiques de l’animation
  • Capacité à traiter des thèmes sombres sans tomber dans le misérabilisme
  • Moments de grâce émotionnels qui rééquilibrent la noirceur ambiante
  • Poésie fragile qui rend le film singulier et rare
Points négatifs
  • Rythme lent et pesant qui peut lasser le spectateur
  • Surcharge de drames qui affaiblit l’impact émotionnel
  • Humour noir inégal et souvent écrasé par la tristesse générale
  • Dénouement perçu comme artificiel après tant de désespoir
  • Tonalité parfois maladroite, entre pathos et ironie
  • Manque de subtilité dans certains effets narratifs
  • Peut donner une impression d’exercice de style au détriment de l’universalité
Avis et verdict

Mémoires d’un escargot d’Adam Elliot est un film d’animation en stop-motion à la fois original et mélancolique, centré sur une adolescente isolée qui retrouve peu à peu goût à la vie grâce à une rencontre inattendue. Le film, salué à Annecy, séduit par sa singularité visuelle et émotionnelle, mais souffre d’un excès de noirceur et d’un rythme lent. Malgré ses maladresses, il offre un regard touchant sur la résilience humaine.

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Jiti
Amateur de pop culture et de jeux vidéo, je partage mes passions sur le web. Je produis des contenus sur ce blog, sur YouTube et TikTok. Vétéran de l'Internet, j'ai commencé à bloguer au début des années 2000 et je suis toujours là !