Le but du jeu est le premier projet solo de David Coscas, plus connu sous le pseudonyme McFly du duo McFly & Carlito. Sorti le 7 mars 2025 sous le nom de DaviD, cet EP marque une rupture avec ses précédents travaux humoristiques et explore une facette plus introspective de son univers musical. À travers six titres oscillant entre rock, post-rock et influences neo-metal, DaviD livre un projet personnel, sincère et habité.

 Le but du je, le premier EP de DaviD (McFly).

DaviD : un clown triste

David Coscas (McFly) s’est fait connaître avec Raphaël Carlier (Carlito) sur YouTube, notamment avec des vidéos humoristiques et musicales. Avant cette aventure, le duo était déjà impliqué dans la scène comique via le collectif Golden Moustache. Mais en parallèle de l’humour, DaviD a toujours été passionné de musique, en particulier le pop-punk et le rock alternatif, qui influencent aujourd’hui son travail.

Avec Le but du jeu, il amorce une nouvelle étape en s’éloignant temporairement du personnage de McFly. Ce projet personnel, co-produit avec Balzak et Martin Bonami, laisse entrevoir une authenticité et une vulnérabilité inédites dans sa carrière. Les textes introspectifs et les compositions riches traduisent un véritable travail de réflexion et d’émotion.

Un EP entre introspection et énergie rock

L’EP s’ouvre avec Drapeau, un titre puissant aux accents post-rock, où DaviD évoque sa propre naissance compliquée et son instinct de survie. Les paroles, directes et touchantes, posent d’emblée le ton autobiographique du projet : « La cicatrice que j’ai dans l’dos, j’la porte comme un drapeau ». Ce morceau rappelle les envolées lyriques de groupes comme A Perfect Circle (de manière mesurée tout de même).

Le titre Le but du je joue avec l’ambiguïté entre le « jeu » et le « je », explorant la quête de soi à travers des erreurs et des tentatives ratées. La voix de DaviD, un peu hésitante au départ, gagne en intensité jusqu’à un final qui, bien que sincère, reste un peu timide musicalement. Un morceau tout en progression qui aurait pu gagner en ampleur.

Main dans la main évoque une relation difficile sur un fond musical marqué par des influences neo-metal, sans excès. Le solo de guitare est réussi, et l’ambiance générale rappelle certains titres d’AqME. De lourdes influences qui pourront peser pour certains, mais qui devraient ravir les amateurs du genre.

Avec Petit prince, DaviD livre une chanson particulièrement personnelle, où les paroles, parfois maladroites, traduisent une sincérité poignante. Le final, très rock-metal, apporte une belle intensité au morceau. Le titre parlera probablement plus à ceux qui suivent le vidéaste et connaissent certaines choses de sa vie privée.

Traversée est un moment plus intimiste de l’EP, jouant sur des sonorités plus épurées et un texte mélancolique. Sans être anecdotique, c’est un ventre mou de l’EP. Une « pause » salutaire qui permet d’accueillir encore mieux le titre suivant. Cependant, il permet d’apprécier le timbre de voix de DaviD et dévoile un vrai potentiel.

L’âme t’attend est sans doute le morceau le plus brut et sombre du projet. Porté par une ambiance pesante et un chant saturé qui évoque le rock metal des années 2000, il marque une rupture avec les autres morceaux. L’alternance entre passages mélodiques et refrains plus appuyés confère à ce titre une intensité particulière. Le texte, plus abstrait et répétitif, semble jouer sur les sonorités et l’émotion brute plutôt que sur une narration précise. Une chanson marquante, qui prouve que DaviD est capable d’aller chercher une intensité musicale plus poussée lorsqu’il ose pleinement s’exprimer.

Un EP prometteur malgré quelques faiblesses

La production de l’EP est d’excellente qualité : les arrangements sont soignés, le mixage bien équilibré et les compositions variées. L’album réussit à marier influences post-rock, neo-metal et pop alternative sans tomber dans un mimétisme trop évident. Néanmoins, on pourrait reprocher à certains morceaux un léger manque d’audace, notamment dans leurs conclusions. Certaines envolées semblent contenues alors qu’elles auraient pu être plus explosives. De même, la voix de DaviD, parfois hésitante, gagnerait à être plus assumée pour donner encore plus d’impact à ses textes.

On sent que DaviD a une démarche sincère et un vrai potentiel vocal. Musicalement, les musiciens qui l’accompagnent ont signé de très belles compositions et les ont exécutées avec brio. Toutefois, il ressort de cet EP une certaine frustration, comme si on n’avait pas poussé tous les potards à fond. Premiers pas d’un exorcisme qui ne semble pas encore tout à fait réglé.

L’intention est belle, l’exécution réussie et DaviD arrive à nous surprendre en livrant une nouvelle facette méconnue du grand public. Difficile de dire si l’audience de McFly & Carlito est réellement la cible, mais Le but du jeu pourrait bien arriver à toucher les amateurs de rock. Un EP est souvent un exercice casse-gueule, mais permet d’établir des bases pour proposer le meilleur d’un groupe par la suite. Ce qui l’on retiendra, c’est que cet objet musical avait probablement besoin de sortir. Une porte s’est entrouverte pour l’artiste dont l’avenir peut s’annoncer radieux.

Le but du jeu est une belle surprise et un projet sincère qui dévoile une nouvelle facette de David Coscas. À travers des textes introspectifs et des compositions abouties, il parvient à livrer un EP cohérent et touchant, qui pourrait séduire les amateurs de rock alternatif. Bien qu’il y ait encore une marge de progression, cette première tentative solo s’impose comme une étape importante dans son parcours musical. Rome ne s’est pas faite en un jour. Vinyle disponible sur la boutique officielle et en écoute sur toutes les plateformes de streaming.

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