Avec l’essor des remakes animés, le retour de Ranma ½ en 2024 sous la houlette du studio MAPPA a naturellement suscité l’attention des amateurs de l’œuvre de Rumiko Takahashi. Après Urusei Yatsura (Lamu), c’est un autre classique du manga et de l’animation des années 80-90 qui revient sur le devant de la scène. Adaptée en seulement douze épisodes et diffusée sur Netflix, cette nouvelle version tente de moderniser le récit tout en restant fidèle à l’esprit original. Mais cette adaptation parvient-elle à trouver l’équilibre entre hommage et renouveau ?

La nouvelle adaptation de Ranma ½ produite par Netflix en 2024 offre une nouvelle direction artisitique.

Une histoire fidèle au manga

L’histoire de Ranma ½ repose sur un concept atypique : Ranma Saotome, jeune expert en arts martiaux, est victime d’une malédiction acquise lors d’un entraînement en Chine. Après être tombé dans une source magique, il se transforme en fille au contact de l’eau froide et ne retrouve son apparence masculine qu’avec de l’eau chaude. Cette particularité, déjà bien problématique en soi, est compliquée par un mariage arrangé avec Akane Tendô, une jeune fille au caractère bien trempé. Le quotidien de Ranma oscille alors entre duels d’arts martiaux absurdes, rivalités amoureuses et quiproquos permanents liés à sa transformation.

Cette nouvelle adaptation reprend les grandes lignes du manga, en réduisant les épisodes superflus pour adopter un rythme plus soutenu. Dès les premiers épisodes, on retrouve l’humour slapstick caractéristique de la série, ponctué par des affrontements dans lesquels le style cartoon domine. La dynamique entre Ranma et Akane reste centrale, avec des interactions oscillant entre disputes et complicité naissante. En arrière-plan, la galerie de personnages excentriques – Ryôga, Shampoo, Genma, Happôsai – alimente la succession de mésaventures qui font le sel de la série.

La transformation de Ranma en fille est toujours un prétexte à des gags.

Une série animée qui n’a pas le temps

Si cette nouvelle version de Ranma ½ a le mérite d’être plus fidèle au manga que la version de 1989, elle souffre néanmoins de certaines limites. On peut lui reprocher son rythme rapide de la narration. En cherchant à condenser l’histoire en une saison de douze épisodes, la série a parfois tendance à survoler certaines scènes comiques ou à écourter des moments emblématiques. Ce choix peut frustrer les amateurs de l’ancienne adaptation, qui bénéficiait d’un développement plus étendu des personnages et de leurs relations.

D’un point de vue visuel, bien que MAPPA livre une animation soignée, on regrette un certain manque de finesse dans le character design. Les traits simplifiés et les couleurs pastel confèrent à l’ensemble une esthétique plus moderne, mais on peut y voir une perte du charme des années 90. Enfin, la bande-son, bien qu’efficace, peine à égaler la mémorabilité de l’OST originale. Les nouvelles compositions remplissent leur rôle sans véritablement marquer les esprits, contrairement aux morceaux iconiques de la première version.

Malgré ces réserves, cette adaptation de Ranma ½ réussit sur plusieurs aspects. L’animation, bien que simplifiée, se distingue par sa fluidité et son dynamisme, rendant les scènes d’action et les gags visuels particulièrement efficaces. Les combats, notamment ceux impliquant Ranma et ses rivaux, bénéficient d’une mise en scène plus fluide et percutante que dans la version précédente, renforçant l’impact des affrontements tout en conservant leur côté absurde.

L’un des points forts de ce remake réside dans son respect du matériel d’origine. Là où l’anime de 1989 prenait de nombreuses libertés avec le manga, cette nouvelle version s’efforce de restituer fidèlement l’histoire de Takahashi. Certains personnages, qui avaient été relégués au second plan ou dont les traits avaient été modifiés dans l’ancienne adaptation, retrouvent ici une caractérisation plus proche de l’œuvre originale. De plus, l’humour fonctionne toujours aussi bien, porté par un excellent timing comique et des situations qui, bien qu’ancrées dans une structure répétitive, parviennent à se renouveler suffisamment pour éviter l’essoufflement.

En définitive, Ranma ½ se présente comme une adaptation solide, qui modernise avec justesse une œuvre emblématique sans la trahir. Elle parvient à séduire aussi bien les nostalgiques que les nouveaux venus, même si elle ne remplacera sans doute pas l’anime original dans le cœur de ceux qui l’ont découvert dans les années 90. En dépit de son rythme parfois expéditif et d’un style visuel qui ne fait pas l’unanimité, cette nouvelle version confirme la capacité de MAPPA à revisiter les classiques de l’animation japonaise avec respect et efficacité. Si l’on peut espérer une suite permettant d’explorer davantage l’univers de la série, ces douze premiers épisodes offrent déjà une porte d’entrée convaincante à ceux qui souhaitent découvrir ou redécouvrir le monde chaotique et hilarant de Ranma Saotome.

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