Hollow Knight: Silksong est un jeu vidéo d’action-aventure de type Metroidvania, développé et édité par le studio australien Team Cherry. Sorti le 4 septembre 2025 après plusieurs années d’attente fébrile de la communauté, il est disponible sur PC, PlayStation 4 et 5, Xbox One, Xbox Series X/S, Nintendo Switch. Ce titre très attendu fait suite au succès critique et commercial de Hollow Knight (2017), et propose une expérience entièrement renouvelée, cette fois-ci centrée sur un nouveau personnage jouable : Hornet, bien connue des fans du premier opus. Conçu avec la même philosophie d’exploration minutieuse et de combat exigeant, Silksong cherche à dépasser son prédécesseur par l’ampleur de son univers, la richesse de son gameplay et la profondeur de sa narration environnementale.
Un nouveau personnage et de nouvelles mécaniques
Dès les premières minutes de Silksong, le changement de protagoniste se fait sentir. Hornet, plus vive et plus acrobatique que le Chevalier du jeu original, dispose d’une panoplie de mouvements aériens fluides et dynamiques, à commencer par un saut plus long, un dash naturel et une attaque en plongée diagonale qui bouleverse la manière d’aborder les combats et les plateformes. Le jeu se déroule dans Pharloom, un royaume verticalement inversé où l’on gravit les étages d’un monde labyrinthique plutôt que d’en explorer les profondeurs. Capturée puis échouée au fond de cette contrée mystérieuse, Hornet doit remonter vers la Citadelle, découvrir les raisons de son enlèvement et démêler les secrets d’une malédiction qui ronge les pèlerins de cette terre d’insectes. L’environnement de jeu s’organise autour d’un réseau interconnecté de biomes hostiles, chacun regorgeant de secrets, d’ennemis uniques et de boss aux patterns rigoureux.
Sur le plan mécanique, Silksong reprend la structure générale de Hollow Knight tout en ajoutant de nombreuses couches. Les Rosary Beads, nouvelle monnaie du jeu, remplacent la Geo et sont récupérées après chaque combat ou exploration, encore faut-il les collecter avant qu’elles ne se dispersent au sol. Les bancs font toujours office de points de sauvegarde et de récupération, mais le système de voyage rapide est amélioré, facilitant le retour dans les zones déjà visitées. Le système de « tools » (outils), qui limite l’équipement à certains objets spécifiques selon la configuration choisie, pousse le joueur à adapter son style de jeu à la situation. L’histoire, quant à elle, continue de privilégier une narration cryptique et environnementale, où les dialogues sibyllins des PNJ et les décors en ruine laissent entrevoir une civilisation oubliée, aux mécanismes encore actifs et aux blessures toujours ouvertes.
Un titre destiné aux joueurs chevronnés
Malgré sa qualité globale indéniable, Silksong n’est pas exempt de reproches. Le premier concerne la difficulté initiale, qui, si elle fait le bonheur des vétérans, risque de rebuter les novices. Le jeu est exigeant dès les premiers instants : ennemis très agressifs, pics surgissant du sol, plateformes piégées, et dégâts importants infligés par des ennemis communs. De plus, le système de saut diagonal, bien que novateur, s’avère parfois imprécis lors de séquences de plateforme complexes, ce qui ajoute une frustration superflue à certains passages. Le système de perte de ressources à la manière des jeux FromSoftware est toujours présent : mourir signifie perdre sa précieuse monnaie, à moins de réussir à revenir au point de sa mort sans trépasser à nouveau. On peut trouver cette mécanique inutilement punitive.
Un autre grief concerne la boucle de gameplay trop familière. Malgré les nouveaux environnements, musiques et mécaniques, on a l’impression de jouer à une version améliorée du premier jeu, sans réelle révolution. On peut aussi souligner un manque d’innovation fondamentale dans la structure globale du titre. Enfin, le système de « tools », bien pensé sur le papier, limite parfois artificiellement les capacités du joueur, comme l’obligation d’équiper un outil pour voir sa position sur la carte, ce qui peut frustrer ceux qui souhaitent une expérience plus ergonomique.
De la maîtrise et de l’exigeance
Mais à côté de ces quelques défauts se déploie une œuvre d’une richesse exceptionnelle. L’une des grandes forces de Silksong réside dans sa direction artistique sublime. Chaque zone de Pharloom est magnifiquement animée, regorge de détails subtils, de lumières mouvantes, de ruines à demi englouties dans la végétation, de mécanismes rouillés encore actifs. Le monde semble habité, vivant, porteur d’une histoire ancienne et mélancolique. La bande-son, composée une fois encore par Christopher Larkin, se distingue par sa justesse émotionnelle : tantôt envoûtante, tantôt dramatique, elle accompagne les moments d’exploration ou de tension avec une grande finesse.
Le gameplay, lui, atteint une maîtrise impressionnante. Hornet, avec son agilité naturelle, rend les combats plus aériens, plus nerveux. Les affrontements contre les boss sont nombreux et variés, souvent exigeants, mais toujours lisibles pour ceux qui prennent le temps d’apprendre leurs patterns. Les possibilités d’exploration sont vastes, encouragées par un level design ouvert et intelligemment structuré. Le jeu regorge de secrets, de chemins alternatifs, de personnages étranges, et chaque recoin parait avoir été pensé pour récompenser l’observation. La difficulté, bien que présente, s’équilibre sur le long terme avec des bancs plus fréquents, des objets de soin plus accessibles et une marge de progression bien calibrée.
Team Cherry : la cerise sur le gâteau
Team Cherry est un petit studio australien fondé à Adélaïde par Ari Gibson, William Pellen et Jack Vine. Leur premier jeu, Hollow Knight, est rapidement devenu une référence du genre Metroidvania grâce à son esthétique dessinée à la main, son gameplay précis et sa richesse de contenu. Le succès du titre a permis au studio de gagner une communauté passionnée et fidèle, qui a suivi avec ferveur le développement de Silksong, annoncé initialement comme un simple DLC avant de devenir un jeu à part entière. Malgré la petite taille de l’équipe, Team Cherry a fait preuve d’un souci du détail rare et d’une capacité à repousser les limites de l’indépendance vidéoludique.
Le développement de Silksong a été long et semé d’embûches. De nombreux reports ont alimenté une certaine frustration chez les fans, mais le studio a toujours privilégié la qualité à la précipitation. Leur communication, bien que parcimonieuse, a su maintenir l’intérêt grâce à des trailers léchés et des extraits de gameplay alléchants. Aujourd’hui, avec la sortie de Silksong, Team Cherry prouve qu’il ne s’agissait pas d’un succès isolé. Ils confirment leur statut de développeurs d’élite dans la scène indépendante, avec une vision artistique claire, une exigence technique, et une capacité rare à construire des univers cohérents, énigmatiques et envoûtants.
Hollow Knight: Silksong s’impose comme une suite ambitieuse et raffinée, à la hauteur des attentes immenses qui pesaient sur ses épaules. Si le jeu ne révolutionne pas la formule de son prédécesseur, il l’amplifie, l’enrichit et l’aiguise dans presque tous les domaines. Porté par une direction artistique remarquable, une musique envoûtante, un gameplay plus fluide et une narration environnementale toujours aussi mystérieuse, Silksong est une ode au sens du détail, à l’attention portée aux choses minuscules, mais essentielles. Pour les amateurs de jeux exigeants, d’exploration libre et d’univers à décrypter, il s’agit d’un incontournable, qui marque une nouvelle étape dans l’histoire du Metroidvania indépendant.
- Hornet offre une jouabilité plus vive et acrobatique, renouvelant profondément l’expérience de jeu
- Le monde de Pharloom, conçu verticalement, introduit une nouvelle approche de l’exploration
- Direction artistique exceptionnelle, avec des environnements détaillés et une ambiance immersive
- Bande-son envoûtante de Christopher Larkin, parfaitement intégrée à l’action et à l’exploration
- Combat exigeant mais lisible, avec de nombreux boss variés et un level design intelligent
- Grande richesse de contenu et de secrets à découvrir
- Narration environnementale subtile et intrigante
- Système de voyage rapide amélioré facilitant la navigation
- Difficulté initiale très élevée, potentiellement décourageante pour les nouveaux joueurs
- Saut diagonal parfois imprécis, générant de la frustration dans certaines phases de plateforme
- Perte de ressources à la mort, inutilement punitif
- Impression de déjà-vu malgré les nouveautés : peu d’innovations structurelles
- Le système de « tools » peut limiter artificiellement certaines fonctions de base comme la carte
Hollow Knight: Silksong est une suite ambitieuse qui enrichit et affine la formule du premier opus sans la révolutionner. Centré sur Hornet, un personnage plus mobile et aérien, le jeu propose une exploration verticale dans un monde dense et magnifiquement animé. Malgré une difficulté marquée et quelques mécaniques frustrantes, l’œuvre brille par sa direction artistique, sa musique envoûtante et son gameplay précis. Team Cherry confirme son statut de référence dans la scène indépendante, livrant un titre exigeant, mystérieux et profondément soigné.
91%