Mafia: The Old Country est un jeu d’action-aventure narratif en vue à la troisième personne, développé par Hangar 13 et édité par 2K Games, sorti le 7 août 2025 sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series. Cet opus marque un retour aux sources après l’accueil mitigé de Mafia III, en abandonnant le monde ouvert massif, pas toujours très utile, au profit d’une expérience plus linéaire et scénarisée. Situé en Sicile au début du XXe siècle, il propose de suivre l’ascension d’Enzo, un jeune homme issu de conditions misérables, vers les sommets d’une famille mafieuse locale, dans un récit inspiré des grands classiques du cinéma criminel.
De mineur à la mafia
L’histoire débute dans une mine de soufre où Enzo, exploité dans des conditions inhumaines, trouve une échappatoire grâce à Don Torrisi, parrain respecté de la région. Pris sous son aile, il entame un parcours semé de loyautés, de trahisons et de drames familiaux. Le récit, jalonné de clichés du genre mais assumant son hommage au cinéma de Scorsese ou Coppola, déroule une montée en puissance jusqu’à un dernier tiers plus tendu et marquant. L’ambiance sicilienne, rare en jeu vidéo, se traduit par une reconstitution soignée des paysages, villages et traditions de l’époque.
Côté gameplay, l’aventure alterne infiltration, fusillades, duels au couteau et séquences de conduite. Les combats à couvert reposent sur des armes d’époque, avec gestion limitée des munitions, tandis que les affrontements au corps à corps se veulent cinématographiques, bien que répétitifs. L’exploration reste encadrée, et un mode libre n’apparaît qu’après la fin de l’histoire. Les trajets en calèche, à cheval ou en voiture servent davantage de respiration narrative que de véritables opportunités de jeu, même si la qualité artistique et sonore rend ces moments agréables.
C’est beau, mais c’est loin…
Le rythme est l’un des principaux problèmes de Mafia: The Old Country, avec un démarrage extrêmement lent qui alourdit une campagne déjà courte, d’une dizaine d’heures en moyenne. Les premières missions s’éternisent sur des tâches peu engageantes, avant que les véritables enjeux ne s’installent. L’infiltration souffre de mécaniques simplistes, d’une IA peu réactive et de situations répétitives, tandis que les combats au couteau, fréquents dans le récit, manquent rapidement de variété. Les fusillades, bien que fonctionnelles, reposent parfois sur des vagues d’ennemis trop nombreuses et peu crédibles dans le contexte, ce qui affaiblit la tension narrative.
À cela s’ajoute un monde ouvert sous-exploité, qui se résume à un décor panoramique pour les trajets, sans réelle interaction ni activités annexes marquantes. Les phases d’exploration ne deviennent réellement libres qu’après la fin de l’histoire, ce qui limite l’envie de s’y investir pendant la campagne. Techniquement, le titre est également pénalisé par des bugs, des ralentissements et des crashes, particulièrement sur PC, entachant une expérience qui mise pourtant sur l’immersion et la fluidité de sa mise en scène.
Une excellente histoire immersive
L’atmosphère constitue indéniablement la plus grande réussite de Mafia: The Old Country. La reconstitution de la Sicile du début du XXe siècle est minutieuse, mêlant paysages volcaniques, villages traditionnels et vignobles baignés d’une lumière travaillée avec soin. La direction artistique, alliée à une bande originale qui évoque les classiques du cinéma mafieux, confère au jeu une identité forte et immersive. Cette authenticité visuelle et sonore crée une véritable invitation au voyage, rare dans le jeu vidéo, et donne à chaque scène un cachet particulier.
Le doublage, notamment en version française, se distingue par la qualité de l’interprétation, avec des comédiens expérimentés qui insufflent vie et crédibilité aux personnages. Les dialogues, bien écrits, apportent un relief supplémentaire aux figures clés de l’histoire, renforçant l’attachement du joueur. Même dans les séquences plus calmes, cette qualité d’acting permet de maintenir un intérêt narratif constant et de renforcer l’empreinte cinématographique du titre.
Enfin, le dernier tiers de l’aventure se démarque nettement par un regain de rythme et de tension dramatique. Les scènes clés y sont plus intenses, mieux chorégraphiées et servent un scénario qui gagne en impact émotionnel. C’est à ce moment que le gameplay et la narration se marient le mieux, offrant des séquences mémorables qui laissent entrevoir tout le potentiel de Hangar 13 lorsqu’il parvient à équilibrer mise en scène et interactivité.
Hangar 13 toujours à la barre
Le développeur Hangar 13 est une filiale de 2K Games fondée en 2014 à Novato, en Californie, par Haden Blackman, ancien directeur créatif chez LucasArts. Le studio s’est fait connaître avec Mafia III en 2016, un épisode ambitieux, mais controversé, qui lui a valu des critiques sur son gameplay répétitif et sa structure ouverte. En 2017, il intègre 2K Czech, créateur des deux premiers opus de la saga Mafia, renforçant ainsi son expertise narrative et technique. Par la suite, Hangar 13 signe Mafia: Definitive Edition en 2020, un remake salué pour sa fidélité et son sens du détail, avant de diversifier ses projets avec des titres comme Top Spin 2K25.
Avec Mafia: The Old Country, le studio opère un retour assumé à une formule plus linéaire et centrée sur la mise en scène, tirant les leçons de ses expériences passées. Ce choix traduit une volonté claire de renouer avec l’ADN narratif de la série tout en modernisant sa présentation visuelle et sonore. Malgré les critiques sur le rythme et certains aspects techniques, Hangar 13 montre qu’il maîtrise l’art de créer des ambiances immersives et des univers crédibles, confirmant ainsi sa place parmi les studios spécialisés dans les expériences scénarisées à forte identité.
Mafia: The Old Country parvient à captiver par son cadre original, sa mise en scène soignée et sa fidélité au cinéma mafieux. Si ses lenteurs, son gameplay répétitif et ses problèmes techniques limitent son impact, il reste une expérience immersive et visuellement splendide, dopée par l’Unreal Engine 5, qui séduira les amateurs de récits criminels et les nostalgiques des premiers épisodes.
- Reconstitution minutieuse et immersive de la Sicile du début du XXe siècle
- Direction artistique splendide soutenue par l’Unreal Engine 5
- Bande originale inspirée des classiques du cinéma mafieux
- Doublage français de grande qualité avec des dialogues bien écrits
- Narration immersive et personnages crédibles
- Dernier tiers intense et bien rythmé offrant des scènes marquantes
- Équilibre réussi entre mise en scène et gameplay dans les meilleurs moments
- Démarrage très lent qui plombe une campagne déjà courte
- Gameplay répétitif, notamment dans l’infiltration et les combats au couteau
- IA peu réactive et mécaniques d’infiltration simplistes
- Monde ouvert sous-exploité et exploration limitée durant la campagne
- Bugs, ralentissements et crashes, surtout sur PC
Mafia: The Old Country, développé par Hangar 13, revient à une formule linéaire et narrative, délaissant le monde ouvert massif de Mafia III. Situé en Sicile au début du XXe siècle, il suit l’ascension d’Enzo au sein de la mafia locale, dans une ambiance cinématographique inspirée de Scorsese et Coppola. Si le jeu séduit par sa reconstitution historique, sa direction artistique, sa bande-son et la qualité de son doublage, il souffre d’un rythme lent, d’un gameplay répétitif, d’un monde ouvert peu exploité et de problèmes techniques. Le dernier tiers plus intense rehausse l’expérience, offrant des séquences marquantes malgré les défauts persistants.
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