Revenge of the Savage Planet est un jeu d’aventure en monde semi-ouvert teinté de plateforme et d’exploration, développé et édité par Raccoon Logic Studios. Il est sorti le 8 mai 2025 sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One et Xbox Series X/S. Suite directe de Journey to the Savage Planet (2020), cette nouvelle itération prend le virage de la troisième personne et introduit de nombreuses nouveautés, tout en conservant l’humour déjanté et la direction artistique décalée qui ont fait la réputation du premier opus.
Survie et exploration sur une planète inconnue
Le joueur incarne un employé d’Alta Interglobal, mégacorporation interstellaire ayant racheté Kindred Aerospace. Abandonné en pleine mission, fraîchement licencié par message interplanétaire, le héros se retrouve livré à lui-même dans un univers hostile. Son objectif : réparer son vaisseau, survivre, et si possible se venger de ses anciens employeurs. L’histoire, légère et souvent prétexte à des situations absurdes, se déroule à travers quatre planètes aux biomes variés. L’exploration est ponctuée par des quêtes principales et secondaires, des séquences de scanning, de collecte de ressources et d’affrontements contre une faune extraterrestre aussi cocasse que menaçante.
Le gameplay repose sur une boucle classique d’exploration, de craft et de progression par l’amélioration de l’équipement. On y retrouve un scanner, un fouet-lasso, un pistolet modifiable ou encore une laveuse à pression multi-usage. Le jeu fait le choix du metroidvania light : certaines zones ne deviennent accessibles qu’une fois certaines capacités ou outils débloqués. Une imprimante 3D permet de créer de nouvelles armes et de gadgets, tandis que la base du joueur peut être aménagée à loisir, sans impact réel sur le jeu. Le mode coopération, local ou en ligne, ajoute une dimension conviviale bienvenue à l’expérience.
C’est beau, mais c’est loin
Malgré un univers plus vaste et coloré, Revenge of the Savage Planet souffre d’un manque de profondeur scénaristique. L’histoire ne parvient pas à dépasser le statut d’arrière-plan comique et peine à engager émotionnellement. Le changement de perspective, de la première à la troisième personne, bien que justifié par la lisibilité accrue, pourra déconcerter les fans du premier opus. Le titre pâtit également d’une certaine répétitivité dans les objectifs, de combats souvent peu variés, et d’un manque de challenge. Plusieurs critiques soulignent la rareté des véritables boss, et une progression parfois trop assistée.
Sur le plan technique, le jeu n’est pas irréprochable : quelques bugs de collision, des ralentissements sur certaines plateformes, ainsi qu’une absence de HDR pour un titre misant sur son esthétique éclatante. Le multijoueur en ligne n’offre pas de cross-play, ce qui limite les possibilités. Enfin, le système d’endurance, les retours fréquents à la base et le système de loot à récupérer après chaque mort peuvent peser sur la fluidité de l’expérience.
Visuellement, le jeu est une réussite. Grâce à l’Unreal Engine 4, les planètes regorgent de détails et de couleurs, chacune disposant de son ambiance propre. L’univers excentrique est soutenu par une direction artistique audacieuse et une bande-son rock-country surprenante mais efficace. Le doublage québécois apporte un charme unique, renforcé par des dialogues pleins d’absurdité et des vidéos humoristiques omniprésentes.
L’exploration reste le point fort de l’expérience. La variété des outils, la verticalité des environnements, et la découverte constante de créatures étranges maintiennent l’intérêt. Le contenu annexe est généreux : de nombreuses ressources à collecter, des équipements à fabriquer, des zones cachées, des énigmes environnementales à résoudre, et un atlas pour le suivi des scans. Le mode coopération fonctionne bien et dynamise les parties. La personnalisation de l’équipement et des tenues, même si purement esthétique, ajoute une touche ludique non négligeable.
L’après Typhoon Studios : Raccoon Logic
Raccoon Logic est né des cendres de Typhoon Studios, fermé en 2021 suite à l’échec commercial de Google Stadia, alors propriétaire du studio. Menée par Alex Hutchinson (ancien de Ubisoft Montréal), l’équipe a récupéré les droits de la franchise Journey to the Savage Planet et a fondé un nouveau studio à Montréal avec le soutien financier de Tencent. Composée d’une trentaine de personnes, l’équipe a su capitaliser sur l’ADN du premier opus tout en prenant le risque de modifier en profondeur certaines mécaniques.
Leur philosophie reste fidèle à un certain esprit indépendant malgré une ambition plus marquée sur cette suite. L’équipe n’a pas cédé à la tentation de l’ultra-réalisme ou des tendances de service continu, préférant miser sur une expérience cohérente, drôle et centrée sur le plaisir de l’exploration. La résilience de Raccoon Logic, ainsi que leur capacité à rebondir dans un secteur en mutation rapide, mérite d’être soulignée.
Revenge of the Savage Planet est une suite fidèle à l’esprit de son prédécesseur tout en tentant d’en élargir les horizons. Bien qu’il ne révolutionne pas la formule, il enrichit l’expérience avec plus de contenu, une perspective repensée, et une coopérative bien intégrée. Si son humour ne plaira pas à tous et que sa narration reste en retrait, son univers barré, sa liberté d’exploration et ses mécaniques de gameplay solides en font une aventure agréable à vivre, surtout à deux.