Film de super-héros américain réalisé par James Gunn, Superman marque, en 2025, un tournant majeur pour DC Studios. Premier volet du tout nouveau DC Universe (DCU), initié par Gunn lui-même en tant que coprésident du studio avec Peter Safran, le long métrage met en scène David Corenswet dans le rôle-titre, accompagné de Rachel Brosnahan (Lois Lane), Nicholas Hoult (Lex Luthor) et Edi Gathegi (Mister Terrific). Le film s’appuie sur des éléments tirés de la célèbre bande dessinée All-Star Superman de Grant Morrison et Frank Quitely, tout en affirmant sa propre voix narrative. La musique est signée John Murphy et David Fleming, et les effets visuels ont été supervisés par Stéphane Ceretti, déjà collaborateur de Gunn sur ses précédents projets.
Superman, version 2025
Dans un monde dans lequel les méta-humains sont apparus dès le XVIIIe siècle, un enfant kryptonien arrive sur Terre en 1992. Recueilli par un couple de fermiers du Kansas, il grandit sous l’identité de Clark Kent avant de devenir Superman, protecteur de la Terre. En 2025, alors qu’il vient de désamorcer un conflit géopolitique entre la Boravie et le Jarhanpur, Superman se heurte à une attaque inattendue d’Ultraman à Metropolis. Grièvement blessé, il se réfugie dans sa Forteresse de Solitude. Là, il découvre un message incomplet de ses parents biologiques, Jor-El et Lara, l’enjoignant à incarner l’espoir de l’Humanité. Cependant, les plans de Lex Luthor, PDG de LuthorCorp, se dessinent en toile de fond, prêts à compromettre l’héritage kryptonien.
La situation s’aggrave lorsque Luthor, aidé d’Ultraman et de l’Ingénieure Angela Spica, infiltre la Forteresse et dévoile au monde le message complet de Jor-El : Superman serait destiné à dominer la Terre. Trahi par l’opinion publique, capturé et emprisonné dans un univers de poche, Clark doit faire appel à des alliés inattendus, dont Mister Terrific, Green Lantern et Hawkgirl. Une ultime bataille se joue à Metropolis, entre guerre dimensionnelle, complots politiques et révélation personnelle. L’identité même de Superman et son lien à l’humanité y sera redéfinie.
David Corenswet est Superman
David Corenswet, dans une prestation à la fois sobre et magnétique, incarne un Superman plus introspectif et politique que jamais. Son interprétation souligne la dualité entre la puissance inégalée de l’alien Kal-El et l’humanité du journaliste Clark Kent. Rachel Brosnahan, en Lois Lane, donne une réplique fougueuse et moderne à ce Superman reconfiguré, avec une présence affirmée et un sens aigu de l’éthique journalistique. Nicholas Hoult livre une prestation glaciale et persuasive en Lex Luthor, un antagoniste animé par une logique implacable et un cynisme technocratique, loin des excès habituels.
Autour de ce trio central gravite une équipe de soutien riche et variée : Edi Gathegi (Mister Terrific) offre un contrepoint scientifique et tactique aux idéaux de Superman, tandis que Nathan Fillion (Green Lantern) et Isabela Merced (Hawkgirl) incarnent des figures plus contrastées de la justice. Le casting secondaire, incluant notamment María Gabriela de Faría en ingénieure cybernétique et Anthony Carrigan en Metamorpho, accentue la diversité tonale et thématique du récit, tissant un univers cohérent et ambitieux autour du héros principal.
James Gunn à la tête de DC Studios
James Gunn, devenu coprésident de DC Studios en 2022, signe ici un film charnière autant pour sa propre carrière que pour l’avenir du studio. Réputé pour ses films iconoclastes comme Super ou la trilogie Les Gardiens de la Galaxie, Gunn parvient à équilibrer ici les exigences du blockbuster de super-héros et un ton plus intimiste, souvent mélancolique. Contrairement à ses précédents films, il adopte un style plus épuré, presque solennel, ancré dans un humanisme discret.
Loin de chercher à reproduire les modèles du passé, Gunn imprime à Superman une dimension morale et existentielle forte. Il ne s’agit pas ici d’une simple relecture des origines, mais d’un récit sur l’identité, la vérité, l’héritage et le doute. La direction artistique, les dialogues et le découpage révèlent un soin particulier à respecter les codes classiques du mythe tout en le projetant dans des problématiques contemporaines telles que la géopolitique, l’éthique et les médias.
Un film qui en fait trop ?
Malgré ses ambitions narratives louables, le film souffre parfois d’une surcharge thématique. En voulant aborder simultanément les conflits internationaux, les manipulations médiatiques, les dimensions cosmiques et les enjeux identitaires, Gunn éparpille l’attention du spectateur. Certaines sous-intrigues, notamment celle du Justice Gang ou de la guerre en Boravie, peinent à trouver leur juste place dans le récit, semblant plus relever de l’installation d’un univers partagé que du développement autonome du film.
De plus, la confrontation finale, bien que spectaculaire, dilue quelque peu la tension dramatique accumulée jusque-là. L’accumulation d’effets spéciaux, bien exécutés, mais écrasants, contraste avec la tonalité plus contemplative du cœur du film. Certains spectateurs pourraient aussi reprocher au film une certaine froideur, particulièrement dans la première moitié, où l’action se fait rare au profit d’un questionnement identitaire assez pesant.
Des questions et des surprises
À l’opposé des films de super-héros standardisés, Superman propose une réelle réflexion sur la nature du pouvoir, la responsabilité, et le rapport entre l’individu et la collectivité. Le scénario de Gunn, nourri de références aux comics, mais aussi de clins d’œil aux itérations passées du personnage (notamment celle de Richard Donner), trouve un bel équilibre entre respect et innovation. L’utilisation du personnage de Krypto, par exemple, ajoute une touche inattendue de tendresse et d’ancrage émotionnel.
La direction artistique se distingue également par sa cohérence visuelle et symbolique, avec une Forteresse de Solitude mêlant esthétique rétrofuturiste et références architecturales modernistes. Les costumes, conçus par Judianna Makovsky, réussissent à moderniser l’iconographie classique sans la trahir. Enfin, la bande originale de John Murphy et David Fleming, discrète, mais efficace, soutient l’évolution dramatique sans jamais l’étouffer.
Superman version 2025 n’est pas un simple reboot : c’est une redéfinition ambitieuse et réfléchie d’un mythe fondamental de la culture populaire. James Gunn propose une vision personnelle, nuancée et résolument politique du héros kryptonien. Loin des canons simplistes du genre, le film prend des risques, parfois au détriment du rythme ou de la lisibilité narrative, mais toujours au service d’une volonté claire : rendre à Superman sa dimension universelle, entre espoir et complexité. Un film imparfait, mais nécessaire, qui pose les fondations solides d’un nouveau DC Universe.