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Indochine, groupe emblématique du rock français, revient sur le devant de la scène avec son quatorzième album studio, Babel Babel. Ce double album, sorti en septembre 2024, marque le retour du groupe après sept ans d’absence. Attendu avec impatience par les fans, il s’inscrit dans la continuité de leur style tout en abordant des thèmes actuels et engagés. L’occasion de revenir sur ce nouveau projet et d’en faire une critique équilibrée.
Indochine, le groupe iconique des années 80
Indochine, fondé en 1981 par Nicola Sirkis et Dominique Nicolas, a traversé les décennies en tant que pionnier du rock-pop en France. Le groupe a connu ses premiers succès dans les années 80 avec des titres comme L’Aventurier et Canary Bay, qui ont fait vibrer une génération entière. Leur musique, mêlant influences new wave et rock, s’est rapidement inscrite dans le paysage musical français.
Après une période de déclin dans les années 90, marquée par le départ de Dominique Nicolas et le décès de Stéphane Sirkis, Indochine a su rebondir au début des années 2000 avec l’album Paradize, qui a marqué un véritable renouveau. Ce retour en force leur a permis de conquérir de nouveaux publics et d’affirmer leur place parmi les grands noms de la scène musicale française.
Aujourd’hui, Indochine continue d’évoluer, toujours mené par Nicola Sirkis, qui reste le dernier membre fondateur du groupe. Leur longévité et leur capacité à se réinventer tout en restant fidèles à leur style leur ont permis de maintenir une carrière solide, ponctuée de nombreux albums et tournées à succès.
Un album tout en longueur
L’un des reproches fréquemment adressés à Babel Babel est sa longueur. Avec ses 17 titres répartis sur deux disques, l’album s’étire parfois en longueur, donnant une impression de redondance. Certains morceaux, bien que mélodiquement plaisants, peinent à se démarquer et finissent par se fondre dans une ambiance répétitive, manquant de l’impact que l’on attendait après une si longue absence.
Le choix de revenir à des thèmes aussi engagés, bien que louable, alourdit parfois l’écoute. Des titres comme Sanna sur la croix ou Victoria se veulent porteurs de messages forts, mais le ton moralisateur et la structure des paroles, souvent trop directes, peuvent donner l’impression de forcer un discours politique, au détriment de la poésie habituelle des textes de Nicola Sirkis.
Enfin, la production musicale, majoritairement centrée sur des sonorités électro-pop, manque de fraîcheur. Les arrangements, bien que bien exécutés, rappellent trop souvent les albums précédents du groupe, notamment 13. Cela crée un sentiment de déjà-vu qui pourrait décevoir les fans en quête d’innovation sonore.
Émotionnel et fédérateur
Malgré ces critiques, Babel Babel reste un album riche en émotions et en énergie. Des titres comme Le Chant des cygnes et Les nouveaux soleils montrent que le groupe sait encore créer des hymnes fédérateurs, prêts à enflammer les scènes lors de leur prochaine tournée. Ces morceaux, portés par des refrains accrocheurs et des arrangements soignés, sont taillés pour le live.
L’album offre également de belles collaborations, notamment avec Marion Brunetto sur Girlfriend et Ana Perrote sur Showtime. Ces participations apportent une touche de fraîcheur et montrent qu’Indochine sait s’ouvrir à de nouvelles influences tout en restant fidèle à son ADN musical.
Enfin, la production de Babel Babel bénéficie d’une attention particulière aux détails. Chaque morceau, même les plus simples en apparence, est soutenu par des orchestrations riches et des effets sonores subtils, créant une ambiance immersive qui plaira aux amateurs de synthpop et de rock alternatif.
Babel Babel est un album qui divise. Si certains y verront un projet trop ambitieux, d’autres salueront l’effort de Nicola Sirkis et de ses musiciens pour proposer un disque à la fois engagé et introspectif. Certes, l’album n’atteint pas toujours les sommets de créativité que l’on pouvait espérer, mais il reste un témoignage de la résilience et de la capacité d’Indochine à marquer l’histoire de la musique française, album après album.