Une chose est certaine, la sortie du blockbuster Cyberpunk 2077 a été plutôt chaotique. Entre les différents bugs, les problèmes de performance et des versions oldgen qui ne fonctionnaient tout simplement pas, ce titre a profondément marqué l’histoire de l’industrie du jeu vidéo. Presque trois ans plus tard, le jeu de CD Projekt Red est pourtant toujours là et a profité de nombreuses mises à jour.

Cyberpunk 2077

Une industrie malade

« L’affaire Cyberpunk 2077 » aura surtout mis en lumière beaucoup problématique que l’on retrouve dans de nombreux studios de développement. Entre le management bancal, les heures supplémentaires pas forcément rémunérées, le sexisme, ou encore le crunch systématique. L’industrie du jeu vidéo fait face à des impératifs économiques accentués par des actionnaires qui veulent un retour sur investissement rapidement. Un modèle qui a plusieurs fois montré que cela ne fonctionne pas correctement. Il faut réduire les coûts, optimiser le temps de travail et j’en passe. En résulte des conditions de travail souvent atroces. À tel point que ces entreprises ont de plus en plus de mal à recruter.

Une problématique qui ne concerne pas seulement l’industrie du jeu vidéo, mais toute une société malade et une nouvelle génération qui refuse de trimer pour une poignée de multimilliardaires. Parce que le fond du problème est essentiellement là, ce ne sont pas les moyens qui manquent. Le jeu vidéo se porte très bien et rapporte beaucoup d’argent. Cela aurait dû significativement améliorer les conditions de travail des développeurs, mais la réalité, c’est que cela a surtout augmenter les profits de certaines personnes qui n’avaient pas forcément besoin de tout cet argent. Tout cela vient bien au-delà de notre divertissement et cela montre qu’il faut repenser notre société.

Toutefois, suites à différentes affaires chez Ubisoft ou Activision/Blizzard, il est indéniable que ces entreprises doivent se remettre en question. Elles commencent à le faire péniblement, mais pour trouver des compétences et des gens qui souhaitent travailler chez elles, il faut revoir sa copie. S’il y a eu quelques prises de paroles maladroites et si on sent qu’il ne s’agit avant tout que de redorer son image, il est indéniable que les dirigeants ne peuvent plus dire qu’ils ne savaient pas.

CD Projekt Red ne vaut pas mieux que les autres

Depuis des années, CD Projekt Red avait une très belle aura médiatique. Le succès de The Witcher 3 et l’approche de GOG qui proposait des jeux sans DRM semblait aller dans le sens des joueurs. Et puis est arrivé Cyberpunk 2077 qui a foutu un bordel sans nom dans leur communication impeccable. Mettant en lumière les dysfonctionnements que j’évoquais plus haut. CD Projekt Red c’est Arasaka, la grosse corpo que le jeu dénonce. Au point où on se demande si les développeurs n’y ont pas glissé un signal d’alarme finalement. Ce qui est décrit dans l’univers de Cyberpunk 2077, c’est littéralement ce qui se passe dans les studios. Plutôt cocasse.

Bien entendu, après la débâcle du lancement, on aura même eu le droit à un message d’excuse de Marcin Iwiński, un des patrons de CD Projekt Red qui expliquera longuement qu’il voulait proposer le meilleur jeu qui soit aux joueurs. La promesse était aussi qu’ils allaient travailler à corriger le tir dans les mois suivant cette improbable vidéo. Un travail qui allait inévitablement entrainer encore plus de crunch pour les développeurs. Toutefois, si on en croit les prises de paroles publiques, ces derniers mois, les conditions de travail se seraient grandement améliorées au sein de l’entreprise.

On espère qu’il ne s’agit pas là de juste un coup de com’ pour améliorer l’image de marque de la boite qui a beaucoup souffert du lancement de Cyberpunk 2077. On espère aussi que cette ambiance plus détendue n’est pas juste possible parce que le plus gros du travail est déjà fait et que le jeu est maintenant sorti. Il faudra probablement attendre les premiers retours des développeurs sur leurs nouveaux projets déjà annoncés via une roadmap particulièrement chargée dans les années à venir.

Cyberbug 2023 ?

Côté joueurs, il faut bien avouer que le titre Cyberpunk 2077 s’est fortement amélioré ces derniers mois. De nombreux bugs bloquants ont été corrigés, une « version nextgen » a été rendue disponible gratuitement sur la nouvelle génération de consoles bien qu’on imagine que le plan était de nous la vendre au départ. Mais voilà, CD Projekt Red doit reconquérir le cœur des fans et cela passe bien évidemment par ce genre de concessions.

Cela aura mis le temps, mais la plupart des promesses faites, il y a des années, sont désormais tenues. Bien que le titre ne soit pas encore totalement parfait, il est aujourd’hui très jouable et offre une très bonne expérience aux joueurs. Sur les machines oldgen, ça n’est pas forcément la même chose, mais il y a tout de même eu un vrai travail de fait. Toutefois, c’est sur la nextgen que CD Projekt Red se concentre. L’erreur aura peut-être été de lancer ce jeu dans la précipitation et dans un contexte pas forcément très favorable avec les nombreuses pénuries de consoles. Cyberpunk 2077 aurait dû être un jeu nouvelle génération.

C’est dorénavant le cas. Le développement est à présent dédié aux machines capables de faire tourner le jeu dans de bonnes conditions. Si c’est regrettable pour ceux qui ont acquis Cyberpunk 2077 sur les anciennes consoles, les développeurs sont résolument tournés vers l’avenir. On imagine aussi qu’en limitant le nombre de plateformes à maintenir, cela aura aussi réduit la charge pour les travailleurs. Un mal pour un bien. Soyons clairs, ce jeu n’avait rien à faire sur PlayStation 4 et Xbox One.

Phantom Liberty : enfin la rédemption ?

Le DLC payant Phantom Liberty s’annonce particulièrement excitant. On a le sentiment que CD Projekt Red s’est ressaisi et se concentre sur ce qu’ils savent faire de mieux : de bons jeux. Ce nouveau contenu apportera aussi une très grosse mise à jour qui devrait complètement modifier le système de jeu et offrir aux joueurs une expérience générale bien meilleure. Ce patch devrait sceller pour toujours le cas de Cyberpunk 2077. On va enfin avoir le titre que l’on devait avoir en 2020. C’est la promesse, sur le papier en tout cas.

Si on en croit CD Projekt Red, il s’agit là de l’un des DLC les plus ambitieux de l’histoire du studio et devrait faire davantage de clins d’œils à des franchises de science-fiction comme Ghost in the Shell. Il devrait corriger le tir sur de nombreux détails au sein du titre suite aux nombreux retours des joueurs. Il devrait aussi proposer plus choix avec un réel impact dans l’histoire. Un discours que l’on a déjà entendu par le passé, mais on demande à voir. CD Projekt Red se doit de répondre aux attentes qu’ils ont eux-mêmes forgées durant toutes ces longues années de communication autour du jeu.

Phantom Liberty doit être la rédemption tant attendue par les joueurs qui ont apprécié Cyberpunk 2077. Un DLC d’autant plus important, car ici se joue aussi la réputation de CD Projekt Red. Si ce patch/DLC n’est pas la hauteur, il sera difficile de faire confiance au studio à l’avenir. Restons tout de même positifs puisque désormais le jeu de base est suffisamment solide pour accueillir une update salutaire. Le futur de cette entreprise se dessinera en septembre lorsque nous pourrons enfin mettre la main sur cette conclusion à toute cette histoire. La série d’animation Cyberpunk Edgerunner devrait également nous en apprendre davantage sur l’univers.