Depuis quelques mois, une tendance particulière s’impose sur TikTok et YouTube : des vidéos de jeux vidéo classiques revisités grâce à l’intelligence artificielle. Ces séquences montrent des jeux comme GTA V ou Half-Life avec des graphismes retravaillés pour leur donner un aspect ultra-réaliste, souvent surprenant. Cette pratique, rendue possible par des outils de génération d’images assistés par IA, reflète l’évolution rapide de la technologie dans l’univers vidéoludique, et elle intrigue autant qu’elle fascine.

L'IA permet d'obtenir un rendu photoréaliste sur le jeu vidéo Grand Theft Auto IV. Est-ce l'avenir des remasters ?

Des « remasters automatiques » ?

Les créateurs de contenu se sont emparés de nouveaux outils d’intelligence artificielle pour transformer l’apparence visuelle des jeux vidéo. Ils prennent des séquences de gameplay classiques et les passent par des algorithmes d’IA capables de générer des images photoréalistes. L’outil Runway ML et son générateur Gen-3 sont parmi les plus utilisés pour ce genre de contenus. Ce procédé consiste à appliquer un filtre post-traitement qui embellit les textures et les environnements des jeux, donnant un effet de « remasterisation » inattendu.

Cette tendance a rapidement pris de l’ampleur. Des titres populaires comme Red Dead Redemption ou encore FIFA sont ainsi réimaginés avec un niveau de détails impressionnant, au point que certaines séquences semblent parfois sorties de films ou de retransmissions sportives réelles. Ce décalage entre le rendu original du jeu et la version générée par l’IA crée un effet « uncanny valley » qui attire l’attention des spectateurs, même si le résultat peut parfois sembler étrange.

Ces vidéos sont courtes, quelques secondes à peine, mais elles montrent le potentiel fascinant de l’intelligence artificielle dans le domaine du jeu vidéo. Elles offrent un aperçu de ce à quoi pourraient ressembler les jeux de demain, et soulèvent des questions intéressantes sur l’évolution de l’industrie vidéoludique, notamment en matière de graphismes et de personnalisation visuelle.

Une puissance de calcul inaccessible… pour le moment…

Actuellement, la technologie utilisée pour générer ces images ultra-réalistes n’est pas encore capable de fonctionner en temps réel dans les jeux vidéo. Les outils d’IA comme Runway ML nécessitent de prendre une séquence préexistante de gameplay, de l’analyser, puis de recréer une version améliorée de chaque image. Ce processus, bien qu’impressionnant, demande un temps de calcul important, ce qui limite son utilisation à de courtes séquences préenregistrées.

Cependant, l’idée d’appliquer ce « filtre réaliste » en temps réel n’est pas impensable. Avec les avancées en intelligence artificielle et en puissance de calcul, il est probable que dans un futur proche, ce genre de traitement puisse être intégré directement dans les moteurs de jeu. Cela permettrait aux joueurs de vivre une expérience visuelle entièrement différente, où l’intelligence artificielle transformerait instantanément le rendu graphique de leur jeu, créant un monde visuellement unique à chaque partie.

Les défis techniques sont nombreux, notamment en matière de latence et de calcul en temps réel. Mais les progrès dans le domaine du GPU et de l’IA pourraient surmonter ces obstacles. L’idée que, dans un avenir proche, un joueur puisse appliquer des filtres graphiques personnalisés, transformant des graphismes simplifiés en environnements photoréalistes à la volée, ouvre de nouvelles perspectives pour l’expérience utilisateur.

Grâce à l'intelligence artificielle, le jeu Half Life a été remastérisé avec un rendu photoréaliste.

La fin de la liberté du choix de la direction artistique ?

Si cette technologie permet d’imaginer un futur dans lequel chaque joueur pourrait avoir son propre rendu personnalisé, cela pose aussi des questions sur le rôle des développeurs de jeux. Aujourd’hui, les graphismes et l’apparence d’un jeu sont minutieusement conçus par des artistes et des équipes de développement pour correspondre à une vision artistique et à une direction créative précise. L’idée qu’une IA puisse prendre le contrôle de cet aspect pourrait perturber cet équilibre.

L’un des risques est que les jeux perdent une part de leur identité visuelle. Si les graphismes sont générés ou modifiés par une IA en fonction des préférences ou des choix du joueur, le travail des artistes pourrait être relégué au second plan. Cela pourrait donner naissance à une uniformisation des jeux, où l’originalité et la créativité visuelle seraient moins valorisées, au profit d’une personnalisation poussée par l’IA. Le point de vue de Dave James sur PC Gamer argumente dans ce sens.

Par ailleurs, les studios de jeux vidéo pourraient voir leur rôle évoluer. Si l’IA devient responsable de l’apparence des jeux, les développeurs devront peut-être se concentrer davantage sur les mécanismes et la jouabilité, tandis que la direction artistique pourrait être en grande partie confiée à des algorithmes. Cela soulève des questions éthiques et créatives sur l’avenir du design de jeux vidéo et sur la place de l’humain dans ce processus.

Vers des modèles d’IA mieux maîtrisés ?

Pour contourner ce problème, une solution envisageable serait d’entraîner des modèles d’intelligence artificielle selon des directives artistiques précises. Au lieu de laisser l’IA librement interpréter l’apparence d’un jeu, les développeurs pourraient lui fournir des modèles et des règles strictes afin de maintenir une cohérence avec la vision artistique d’origine. De cette manière, les joueurs pourraient bénéficier des avantages des graphismes générés par l’IA, tout en respectant la direction créative choisie par les concepteurs du jeu.

Par exemple, il serait possible d’entraîner une IA à reproduire un style visuel particulier, comme celui des films de science-fiction des années 80 ou l’esthétique des bandes dessinées. Cette personnalisation contrôlée permettrait de conserver une part importante de contrôle sur l’apparence de leurs jeux, tout en profitant des capacités de l’IA pour améliorer ou adapter les graphismes en fonction des besoins ou des préférences des joueurs.

Ainsi, au lieu de remplacer complètement le travail des artistes, l’IA pourrait devenir un outil supplémentaire dans leur processus de création. En maîtrisant ces nouveaux outils, les créateurs auraient la possibilité d’explorer de nouvelles approches artistiques, tout en restant fidèles à leur vision originale. Ce qui est certain, c’est que l’on aura besoin de l’humain dans le processus créatif. À moins que les IA commencent à avoir une certaine forme de conscience, mais on en est encore très loin, la créativité reste un trait de l’humanité.

L'avenir des jeux vidéo photoréalistes passera-t-il par l'intelligence artificielle ?

L’évolution de l’intelligence artificielle dans le domaine des jeux vidéo ouvre des perspectives passionnantes, notamment en matière de graphismes réalistes et personnalisables. Si la technologie n’est pas encore prête à transformer l’apparence des jeux en temps réel, les tendances montrent à quel point ce futur n’est peut-être pas si éloigné. Les développeurs devront cependant trouver un équilibre entre l’innovation apportée par l’IA et la préservation de leur liberté artistique, en veillant à ce que la créativité humaine reste au cœur de la conception des jeux. N’oubliez jamais que les IA ne sont que des algorithmes qui mettent des mots les uns à la suite des autres et qu’en fin de compte, il n’y a pas réellement « d’intelligence » là-dedans.

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