Ghost of Yōtei : l’exclusivité PlayStation de l’année

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Ghost of Yōtei est un jeu d’action-aventure en monde ouvert développé par le studio américain Sucker Punch Productions, connu pour ses travaux sur Infamous et Ghost of Tsushima. Publié en exclusivité sur PlayStation 5 le 2 octobre 2025 par Sony Interactive Entertainment, ce nouveau titre se veut la suite spirituelle de Ghost of Tsushima, se déroulant cette fois non plus sur l’île de Tsushima au XIIIe siècle, mais dans la région d’Ezo, l’actuelle Hokkaidō, au XVIIe siècle. Plus qu’un simple retour à une formule qui a déjà fait ses preuves, Ghost of Yōtei choisit de réinvestir les bases de son prédécesseur tout en les raffinant, notamment par une construction plus organique du monde, une héroïne inédite et quelques innovations mécaniques mesurées.

Ghost of Yōtei est la nouvelle exclusivité PlayStation 5, développée par Sucker Punch Productions.

Atsu contre les méchants

Dans Ghost of Yōtei, les joueurs incarnent Atsu, une mercenaire redoutable surnommée l’Onryō, un esprit vengeur qui revient dans sa région natale seize ans après avoir survécu au massacre de sa famille par un groupe de six bandits dirigés par le seigneur Saitō. Sa quête est limpide : éliminer un à un les « Six de Yōtei ». Bien que le postulat repose sur une trame de vengeance déjà explorée dans bien des récits vidéoludiques, le jeu parvient à maintenir un certain souffle narratif grâce à la complexité émotionnelle d’Atsu, des retournements de situation et une mise en scène inspirée du cinéma de samouraï. L’histoire navigue constamment entre confrontation directe et infiltration discrète, tout en jouant avec la dualité entre la brutalité de l’héroïne et les dilemmes moraux qu’elle affronte. Le Japon du XVIIe siècle est mis en valeur non seulement à travers des événements scénaristiques, mais aussi via une exploration fine de la culture Ainu et du rôle trouble des samouraïs du clan Matsumae.

Sur le plan du gameplay, Ghost of Yōtei conserve l’ADN de son prédécesseur tout en lui apportant une profondeur supplémentaire. La structure du monde semi-ouvert repose sur une vaste zone centrale entourée de régions périphériques, chacune correspondant à la traque d’un des Six. Cette architecture permet une plus grande liberté d’approche au début de l’aventure, même si certaines zones restent verrouillées pour des raisons narratives ou de difficulté. L’exploration y est largement encouragée grâce à une carte volontairement épurée, l’utilisation du vent pour s’orienter et l’absence quasi-totale de marqueurs directs. Des outils comme la longue-vue ou le shamisen permettent à Atsu de détecter des points d’intérêt ou de faire émerger des éléments de jeu. Ces choix incitent à l’immersion et à la curiosité, plutôt qu’à la consommation méthodique de contenu.

Atsu est l'héroîne du jeu vidéo Ghost of Yōtei.

À l’est, rien de nouveau…

Cependant, malgré une exécution soignée, Ghost of Yōtei n’échappe pas à certaines critiques. Le principal grief que l’on peut formuler concerne son manque d’innovation majeure par rapport à Ghost of Tsushima. Les mécaniques de combat, d’exploration et même de progression sont presque identiques, malgré quelques ajouts comme la longue-vue ou la peinture remplaçant les haïkus. Cette fidélité excessive à la formule d’origine donne parfois l’impression de jouer à un « Ghost of Tsushima 1.5 » plutôt qu’à un tout nouveau jeu. Les activités secondaires (sanctuaires, sources chaudes, camps ennemis, etc) reprennent presque trait pour trait celles du premier épisode, et bien qu’un effort ait été fait pour ajouter de la variété ou des détails narratifs, l’effet de déjà-vu peut miner l’engagement du joueur sur la durée.

Si les cinq armes principales (katana, double katana, yari, kusarigama et odachi) permettent de varier les styles d’approche, leur intégration repose toujours sur une logique « pierre-feuille-ciseaux » un peu mécanique. En outre, les affrontements contre de multiples ennemis peuvent rapidement devenir brouillons, avec une caméra qui peine parfois à suivre l’action de façon fluide. L’infiltration, quant à elle, semble n’avoir pas évolué depuis Tsushima, limitant le ressenti de progression entre les deux jeux. Des bugs mineurs comme des objectifs de quête fantômes, des PNJ figés et des disparitions d’effets visuels sont aussi à signaler, bien qu’ils n’entravent jamais profondément l’expérience globale.

Malgré ses qualités, Ghost of Yōtei souffre d’un manque d’innovation face à Ghost of Tsushima. Des mécaniques trop familières et quelques bugs viennent ternir une aventure pourtant bien réalisée.

Une direction artistique impeccable

Malgré ces réserves, Ghost of Yōtei brille dans de nombreux domaines. L’un des points que l’on peut saluer reste son univers visuel et sonore. L’île d’Ezo est magnifiée par une direction artistique somptueuse, alternant entre collines couvertes de cerisiers, forêts de bambous et montagnes enneigées. Le jeu exploite la puissance de la PS5 pour offrir une distance d’affichage spectaculaire et des effets météo dynamiques, soutenus par des compositions musicales raffinées. Sur PS5 Pro, le mode Ray Tracing Pro à 60 FPS sublime encore davantage ces qualités techniques. Les panoramas ne sont jamais de simples décors, mais deviennent des outils de navigation et d’immersion, à l’image des influences revendiquées de Breath of the Wild et Elden Ring.

L’autre grande réussite du jeu tient à sa capacité à offrir une aventure organique. L’exploration ne repose pas sur des checklists, mais sur la curiosité du joueur et l’interaction avec les PNJ. Les rumeurs, les musiques jouées au shamisen ou les informations glanées au hasard d’une auberge deviennent autant de moyens de découvrir de nouvelles activités. Le système de progression via les Autels de Réflexion et l’apprentissage des techniques auprès de senseïs favorise une montée en puissance naturelle d’Atsu, en phase avec la narration. Enfin, la relation entre l’héroïne et la louve mystique est l’un des ajouts les plus touchants du jeu. À mesure qu’elle se développe, la louve devient un miroir de la solitude d’Atsu et une alliée précieuse en combat, ajoutant une dimension affective et stratégique à l’aventure.

Grâce à une direction artistique somptueuse et une exploration libre, Ghost of Yōtei offre une aventure immersive sur l’île d’Ezo. L’alliance entre Atsu et sa louve mystique renforce l’émotion et la stratégie du jeu.

De Sly Cooper à Ghost of Yōtei

Sucker Punch Productions n’en est pas à son coup d’essai. Fondé en 1997, le studio s’est d’abord fait connaître avec la trilogie Sly Cooper, avant de s’imposer dans le paysage des jeux d’action en monde ouvert avec la série inFamous. Toutefois, c’est avec Ghost of Tsushima en 2020 que le studio a atteint un sommet critique et commercial, avec plus de 13 millions d’exemplaires vendus. Ce succès a posé les bases d’un savoir-faire technique et artistique que Ghost of Yōtei prolonge sans hésitation. L’équipe a su réinvestir les forces de son précédent titre (fluidité du gameplay, mise en scène inspirée du cinéma japonais, densité du monde) tout en essayant, avec parcimonie, de les adapter à une nouvelle héroïne et à un contexte inédit.

Ce choix assumé de continuité est révélateur de la philosophie du studio : celle d’un perfectionnisme plus que d’une volonté de révolution. Plutôt que de casser les codes établis, Sucker Punch préfère les affiner. Dans Ghost of Yōtei, cela se traduit par une densité accrue des régions à explorer, une amélioration des animations faciales, un système de combat enrichi par les interactions avec les armes à feu, et une narration plus nuancée. Cela dit, cette prudence créative pourrait à l’avenir devenir un piège. Le studio devra sans doute penser à redéfinir plus radicalement sa formule s’il veut éviter l’écueil du confort trop bien rodé, et conserver l’enthousiasme des joueurs au fil des épisodes.

Ghost of Yōtei n’est pas une révolution, mais une évolution habilement menée d’un jeu déjà solide. S’il déçoit légèrement par son manque d’audace ou ses mécaniques familières, il parvient néanmoins à captiver grâce à son monde somptueux, son héroïne charismatique, son gameplay affûté et une atmosphère cinématographique rare. En poursuivant la voie tracée par Ghost of Tsushima, Sucker Punch livre une suite spirituelle cohérente et généreuse, qui saura séduire les amateurs d’aventure en monde ouvert et de récits empreints de violence et de rédemption. Une valeur sûre sur PS5, qui, malgré ses imperfections, reste une expérience marquante.

Points positifs
  • Univers visuel et sonore somptueux
  • Exploration organique encouragée par une carte épurée et des outils immersifs comme le vent ou le shamisen
  • Narration émotionnelle et mise en scène inspirée du cinéma de samouraï
  • Personnage principal fort et complexe, avec une relation touchante avec la louve mystique
  • Structure du monde semi-ouvert bien pensée, favorisant la liberté d’approche
  • Progression naturelle via les Autels de Réflexion et les senseïs
  • Enrichissement modéré mais pertinent du système de combat avec plusieurs types d’armes
  • Valorisation de la culture Ainu et du contexte historique du Japon du XVIIe siècle
  • Effets météo dynamiques et distance d’affichage impressionnante
  • Activités secondaires enrichies de détails narratifs malgré leur familiarité
Points négatifs
  • Manque d'innovation marquante par rapport à Ghost of Tsushima
  • Activités secondaires trop similaires au précédent opus
  • Système de combat toujours basé sur une logique un peu mécanique
  • Caméra parfois confuse lors des combats de groupe
  • Infiltration peu évoluée par rapport à Tsushima
  • Quelques bugs mineurs
Avis et verdict

Ghost of Yōtei est une suite spirituelle réussie de Ghost of Tsushima, qui transpose l’action dans le Japon du XVIIe siècle, sur l’île d’Ezo. Le jeu brille par sa direction artistique magistrale, son monde ouvert fluide et son héroïne marquante, tout en conservant un gameplay affûté et une narration touchante. Cependant, il pèche par un manque d’innovations majeures, réutilisant de nombreuses mécaniques et structures du précédent opus, ce qui peut parfois engendrer un sentiment de déjà-vu. Malgré cela, l’expérience reste profondément immersive et techniquement impressionnante, confirmant le savoir-faire de Sucker Punch en matière d’aventures en monde ouvert.

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Gwen
Élevée avec Zelda, je fais du code dans les jeux vidéo. Si ça se trouve, c'est ma faute si ton jeu a bugué un jour. Experte en tout et surtout en rien.