Développé par le studio sud-coréen Krafton, connu notamment pour PUBG, inZOI est un jeu de simulation de vie qui entend se positionner comme une alternative ambitieuse aux références du genre. L’éditeur propose une formule en accès anticipé depuis le 28 mars 2025 sur Steam. Présenté comme un bac à sable social et créatif, inZOI permet aux joueurs de gérer les vies de personnages appelés Zois, dans un monde ouvert entièrement paramétrable. Porté par une direction artistique réaliste et un socle technologique moderne, le jeu mise autant sur la personnalisation que sur l’autonomie de ses habitants numériques. Reste à savoir si l’état actuel du jeu est à la hauteur de ses promesses.

inZOI est disponible en accès anticipé.

Une simulation dopée à l’Unreal Engine 5

Graphiquement, inZOI affiche un niveau de détail remarquable pour un jeu de simulation. Le recours à l’Unreal Engine 5 se traduit par une qualité visuelle très homogène, avec des effets de lumière bien gérés, une profondeur de champ soignée et un rendu photoréaliste sur les personnages. La modélisation des visages et des décors urbains bénéficie d’un vrai souci du détail, surtout lorsqu’on zoome dans les environnements ou qu’on observe les animations faciales. Les textures, en particulier celles des matériaux et des vêtements, sont nettes, même en très haute définition. Les deux villes disponibles offrent chacune une ambiance visuelle propre, entre réalisme coréen et inspiration balnéaire, avec des couleurs équilibrées et des effets météo crédibles. Le jeu propose aussi des fonctionnalités graphiques modernes, comme le ray tracing et le DLSS, qui améliorent encore la finesse du rendu sur des machines récentes.

En revanche, la stabilité du jeu souffre encore de plusieurs défauts, liés à son statut d’accès anticipé. Des ralentissements apparaissent fréquemment lors des déplacements rapides ou dans les zones densément peuplées. Le moteur semble éprouver des difficultés à maintenir une fluidité constante sur des machines en dessous de la configuration recommandée, qui reste assez exigeante. Des problèmes de clipping surviennent dans certaines scènes, et les transitions entre les zones, bien qu’annoncées comme sans coupure, sont souvent entrecoupées de chargements. L’exploration est également entravée par un système de caméra parfois rigide, qui rend la navigation peu agréable, surtout lorsqu’on tente d’avoir une vue d’ensemble. Enfin, certaines mécaniques comme le transport en voiture ou les déplacements autonomes des personnages souffrent de bugs récurrents, ce qui nuit à l’expérience générale.

Le jeu vidéo inZOI permet de se balader dans une ville ouverte.

De l’intelligence artificielle au cœur du gameplay

L’intelligence artificielle occupe une place centrale dans inZOI, avec des ambitions marquées en matière de comportement autonome et d’interactions sociales. Le système repose en partie sur la technologie NVIDIA ACE, pensée pour permettre à chaque personnage non-joueur d’évoluer selon sa personnalité propre. Les Zois peuvent ainsi ajuster leurs routines quotidiennes, réagir à leur environnement et même afficher des pensées simulées, générées par un modèle de langage. En théorie, cette approche vise à créer des entités plus crédibles, capables de construire une identité au fil du temps. En pratique, ces mécanismes restent inégaux. Il arrive que les pensées soient vides ou peu pertinentes, et que les réactions manquent de cohérence avec la situation vécue. L’ensemble donne un sentiment de profondeur prometteuse, mais encore inaboutie.

L’intérêt de cette IA réside surtout dans son potentiel à créer un monde vivant, qui ne dépend pas entièrement des actions du joueur. Chaque Zoi peut, de manière autonome, se lier à d’autres, organiser ses journées, ou interagir avec les objets de son environnement. Cela entraîne des scènes parfois drôles, parfois absurdes, comme un personnage qui décide soudainement de danser ou de quitter une conversation sans raison apparente. Ce comportement aléatoire peut contribuer à l’immersion, mais il nuit aussi à la lisibilité des relations et des événements. L’autonomie promise est bien là, mais elle génère des situations incohérentes ou difficilement exploitables dans une logique de jeu. L’IA permet également de générer des objets 3D ou des animations à partir de sources externes, mais ces outils restent accessoires dans l’expérience actuelle. Au stade où se trouve le jeu, l’intelligence artificielle semble davantage servir de vitrine technologique que de socle réellement intégré au gameplay.

L'intégration de NVIDIA ACE donne vie aux Zois. Toutefois, leurs comportements sont parfois imprévisibles.

La création d’objets soutenue par l’IA

La création d’objets dans inZOI repose sur un système original qui combine l’intelligence artificielle et des outils d’importation simples. Le joueur peut générer des objets 3D à partir d’images en les envoyant dans une interface de type « imprimante virtuelle ». L’idée est séduisante : photographier un meuble ou un accessoire dans la réalité et l’introduire directement dans le décor du jeu. Les résultats varient selon la complexité de l’objet. Les formes simples, comme une boîte ou un appareil ménager basique, sont généralement bien interprétées. En revanche, les objets aux lignes plus subtiles ou à la texture complexe donnent lieu à des approximations qui limitent leur usage. À l’heure actuelle, ces créations ne sont pas toujours fonctionnelles dans le jeu, mais elles peuvent servir de décoration ou d’inspiration pour l’agencement intérieur.

En complément, inZOI propose aussi un outil de génération de motifs par IA, utilisé pour personnaliser les vêtements ou les éléments de mobilier. Là encore, les résultats sont aléatoires. Certains motifs sont esthétiques et bien intégrés, d’autres s’avèrent peu lisibles ou hors contexte. Ce système trouve tout son intérêt dans la plateforme communautaire Canvas, où les joueurs peuvent partager leurs créations, qu’il s’agisse d’objets, de tenues ou de bâtiments. L’ensemble donne une grande liberté d’expression, même si l’outil demande un peu de prise en main. En l’état, la création d’objets reste davantage un complément décoratif qu’un pilier de gameplay, mais elle illustre bien la volonté du jeu d’ouvrir son environnement à l’improvisation et à l’imagination.

Le mode construction d'inZOI offre une grande liberté et la possibilité d'importer ses propres objets.

Que vaut l’accès anticipé d’inZOI ?

inZOI affiche déjà plusieurs points forts dans cette version anticipée. Son moteur graphique, basé sur Unreal Engine 5, offre une qualité visuelle impressionnante pour un jeu de simulation, avec des environnements riches et une personnalisation poussée des personnages. L’éditeur de Zois se distingue par sa précision et son accessibilité, avec une attention notable portée à l’inclusivité. Le système de planification, les outils créatifs comme Canvas, et la possibilité de paramétrer le monde virtuel dans ses moindres détails apportent une profondeur appréciable. Le jeu se démarque aussi par sa volonté d’introduire une intelligence artificielle évolutive, capable d’imiter les réactions humaines, ce qui ouvre des perspectives intéressantes pour l’avenir du genre.

Cependant, inZOI souffre aussi de limites structurelles qui freinent l’expérience. Le monde ouvert manque d’interactions concrètes, de nombreux bâtiments étant encore inaccessibles. L’intelligence artificielle, bien qu’ambitieuse, reste imprévisible et parfois incohérente. Certains systèmes comme les transports ou les relations sociales présentent des bugs ou des comportements illogiques. La stabilité générale laisse à désirer, avec des ralentissements fréquents et des soucis d’ergonomie. De la version finale, on attend donc une optimisation technique, un renforcement de l’IA, une densification du contenu et une plus grande fluidité dans les actions quotidiennes. Si Krafton parvient à affiner ces aspects, inZOI pourrait véritablement s’imposer comme une alternative crédible aux références du genre.

inZOI pose les bases d’une simulation de vie ambitieuse, visuellement aboutie et techniquement audacieuse. Son potentiel est réel, porté par des outils de création poussés, une approche communautaire bien pensée et une volonté marquée d’explorer les capacités de l’intelligence artificielle dans un cadre ludique. Mais cette version en accès anticipé reste incomplète, avec des systèmes encore instables, des fonctionnalités sous-exploitées et une expérience parfois déséquilibrée. On attend désormais de la version finale qu’elle consolide les fondations déjà posées, en apportant cohérence, fluidité et densité à un ensemble prometteur mais encore trop fragmentaire.

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Sidaction

Gwen
Élevée avec Zelda, je fais du code dans les jeux vidéo. Si ça se trouve, c'est ma faute si ton jeu a bugué un jour. Experte en tout et surtout en rien.