The Invincible est un roman de science-fiction, écrit par Stanislas Lem, entre 1962 et 1963. Cette œuvre est initialement publiée en polonais, en 1964. Il sera traduit en allemand dès 1967, puis aura sa version anglaise, à partir 1973. Les français pourront aussi profiter d’une traduction dans la langue de Keen’V grâce au travail d’Anna Posner qui sera publié chez Laffont en 1972. Il faudra attendre 2023 pour qu’une adaptation en jeu vidéo voie le jour et c’est le sujet de cette chronique.

The Invincible

Un pitch de science-fiction comme on les aime

The Invincible, un imposant vaisseau interstellaire de seconde classe, s’aventure vers la planète Régis III pour élucider le mystère entourant la disparition de son homologue, le Condor. Sur la surface désertique de la planète, la vie organique semble avoir disparu, survivant uniquement dans les profondeurs de ses océans. Au cours de leur exploration, l’équipage se trouve face à une manifestation singulière de « vie » inorganique, matérialisée sous la forme de nuages de nanorobots volants, capables de se reproduire.

Quelle que soit la forme que prend une adaptation, il s’agit très souvent d’un exercice périlleux. Starward Industries, qui a développé le titre, s’y est essayé avec brio. Le contexte du roman est important puisque la direction artistique puise ses inspirations dans la science-fiction des années 70. Un délice, pour tous les amateurs de cinéma de genre. Bien que le pitch de départ donne de la matière à un bon nanar, il faut bien avouer que l’on se laisse avoir par l’histoire.

Bien que propulsé par l’Unreal Engine 5, le jeu toussote par moment, mais la réalisation, la direction artistique et la bande son atmosphérique signée Brunon Lubas, nous immergent complètement. De petits problèmes techniques de jeunesse, très largement compensés par une histoire prenante. On y incarne Yasna, isolée sur la planète Regis III, à la recherche du reste de son équipage. Dès l’introduction, l’ambiance est présente. Vous êtes seul, dans un endroit désertique et mortel. Quelques minutes suffisent pour que l’on soit embarqué dans l’aventure. La sauce prend immédiatement.

C’est beau, mais c’est loin

Finalement, le personnage principal, c’est peut-être cette planète. Regis III est aride et hostile. On comprend rapidement qu’on n’y survivra pas longtemps si l’on reste sans agir. Bien que le rythme ne soit pas particulièrement soutenu, le titre joue justement sur une certaine lenteur dans les déplacements, mais l’histoire évolue vite. Il y a quelque chose de pesant dans The Invincible, on sent une menace bien présente, sans pour autant la voir.

Regis III

Le jeu n’en fait pas des caisses et n’essaie jamais de nous impressionner. L’action y est rare et la contemplation fait partie du délire. Starward Industries retranscrit ici à la perfection la vision du romancier Stanislas Lem. Une vision particulièrement fidèle puisque tous les gadgets, les vaisseaux et les véhicules transpirent les années 70. Un rétrofuturiste comme on en voit assez peu dans le jeu vidéo. Le pari était risqué, mais il est tenu.

Tout le long de l’aventure, nous aurons assez peu de choix à faire. On se laisse guider par le flow du jeu qui nous amènera toujours au même endroit. Toutefois, plusieurs fins sont disponibles, essentiellement basées sur les décisions que vous prendrez sur le dernier chapitre. Pas de quoi donner envie de refaire l’aventure plusieurs fois, mais un menu vous permettra de refaire le final. Je ne vous gâcherai pas la surprise, d’autant plus que le titre est relativement court. En un peu moins d’une dizaine d’heures, vous en viendrez à bout.

Une chouette expérience, une bonne histoire et une direction réussie font de The Invincible, un incontournable pour tous les amoureux de la science-fiction et des jeux narratifs. Cette petite pépite est édité chez 11 Bit Studios, à qui l’on doit également l’étonnant INDIKA.