Ubisoft est complètement à côté de la plaque

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Ubisoft peine à renouer avec le succès. Malgré des budgets importants et des licences prestigieuses, les résultats commerciaux ne suivent plus. Star Wars Outlaws, dernier exemple en date, en est le symbole le plus flagrant. Mais à entendre les dirigeants de l’entreprise, les causes seraient ailleurs.

Le premier logo d'Ubisoft rappelle les premiers jeux de l'entreprise, lorsqu'elle était encore créative.

Ubisoft : une vision étriquée

Pour expliquer les ventes décevantes de Star Wars Outlaws (un million d’exemplaires en un mois), Yves Guillemot, PDG d’Ubisoft, ne pointe pas les bugs de lancement ni les mécaniques peu inspirées. Il évoque plutôt le contexte d’une franchise Star Wars « dans des eaux un peu troubles » à l’été 2024. Une manière de déplacer la responsabilité vers une marque pourtant encore vivace, comme en témoigne le succès renouvelé de jeux comme Star Wars Jedi: Survivor ou la résurgence d’intérêt pour Battlefront II.

Du côté du modèle économique, Ubisoft continue de défendre ses micro-transactions dans les jeux dits « premium ». L’éditeur affirme qu’elles sont conçues pour « rendre l’expérience plus fun » en permettant la personnalisation et une progression plus rapide. Selon leur communication, les joueurs ont accès à l’intégralité du contenu sans avoir à payer davantage. Une déclaration difficile à concilier avec l’existence de missions bloquées derrière des éditions Deluxe ou des packs vendus à prix élevé.

Yves Guillemot, le PDG d'Ubisoft.
Yo les jeunes, les micro-transactions c’est ché-bran ! Non ?…

Une déconnexion totale avec la réalité

Ce qui frappe surtout, c’est que les productions Ubisoft semblent interchangeables. D’un Assassin’s Creed à un Far Cry, en passant par Ghost Recon ou même Star Wars Outlaws, les mécaniques sont recyclées, les mondes ouverts suivent le même canevas, et l’exploration devient mécanique. Le fait que Star Wars Outlaws se déroule dans l’univers Star Wars constitue presque son unique attrait : l’identité du jeu semble absente, englobée par une structure générique.

Quant aux micro-transactions, leur caractère essentiellement cosmétique ne suffit pas à calmer les critiques. Les joueurs n’attendent pas qu’un jeu à 80 € leur propose de « progresser plus vite » via des paiements supplémentaires. Même si Ubisoft n’est pas seul à pratiquer ce modèle, la manière dont il est présenté, comme un ajout « fun », dénote un certain décalage avec la perception réelle du public.

Ubisoft ne vend plus du rêve…

Autrefois moteur de l’industrie avec des prises de risque comme Rayman, Prince of Persia ou Beyond Good & Evil, Ubisoft semble aujourd’hui paralysé par une logique de rentabilité et de répétition. Le résultat : des titres formatés, peu audacieux, qui échouent à susciter l’enthousiasme. Même les nouvelles licences, comme Skull & Bones ou XDefiant, peinent à convaincre et multiplient les retards.

L’image de marque s’effrite aussi à cause de scandales internes, d’une communication brouillonne et d’un positionnement éditorial confus. Alors que d’autres éditeurs redéfinissent leurs propositions pour captiver les joueurs, Ubisoft continue de miser sur des modèles dépassés. Le public s’éloigne, et l’éditeur semble incapable d’en tirer les leçons.

Dans l’ombre de Clair Obscur: Expedition 33

Depuis plusieurs années, certains talents de chez Ubisoft ont préféré quitter le navire pour retrouver une liberté créative devenue impossible en interne. C’est le cas de Guillaume Broche, ancien d’Ubisoft Montpellier, qui a fondé en 2020 le studio Sandfall Interactive. Son objectif : ne plus faire de jeux sous contrainte, mais porter une vision personnelle, loin des recettes imposées. Cette décision illustre, par contraste, ce que l’éditeur a progressivement sacrifié au nom de la rentabilité.

En s’éloignant d’Ubisoft, Broche a pu concevoir Clair Obscur: Expedition 33 avec une petite équipe, sans modèle économique parasite ni cahier des charges marketing. Le résultat : un RPG ambitieux, singulier, salué pour son esthétique forte et son système de combat original. Là où Ubisoft multiplie les mondes ouverts interchangeables, Sandfall mise sur l’identité et la prise de risque.

Le succès critique de Clair Obscur: Expedition 33 montre qu’il ne suffit pas d’avoir des licences connues ou un gros budget pour susciter l’enthousiasme. Il faut avant tout une direction claire et la volonté de proposer quelque chose d’unique. Ironie du sort : c’est en quittant Ubisoft qu’on retrouve ce qui faisait autrefois sa force.

Skulls and Bones est symptomatique de tout ce qui ne va pas chez Ubisoft.

Ubisoft donne l’impression de ne plus comprendre son public. En minimisant ses propres erreurs et en insistant sur des leviers marketing peu convaincants, l’entreprise passe à côté de l’essentiel : faire de bons jeux qui donnent envie d’être joués. Pour beaucoup, c’est ça, et rien d’autre, qui est « fun ».

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Jiti
Amateur de pop culture et de jeux vidéo, je partage mes passions sur le web. Je produis des contenus sur ce blog, sur YouTube et TikTok. Vétéran de l'Internet, j'ai commencé à bloguer au début des années 2000 et je suis toujours là !