Who’s at the door? est un jeu d’horreur indépendant mêlant aventure narrative et simulation psychologique, développé et édité par le studio sud-coréen SKONEC Entertainment. Disponible depuis le 18 juillet 2025 sur PC via Steam, le jeu propose une courte expérience, mais intense, dans la veine des titres à anomalies comme Exit 8, tout en y ajoutant une couche narrative sombre et introspective. Le joueur y incarne un personnage atteint de psychose, enfermé dans un appartement minuscule, et dont les hallucinations menacent de faire basculer le réel à tout instant.

Immersion dans la psychose
Who’s at the door? repose sur une boucle de gameplay simple : chaque journée commence dans le même appartement, et le joueur doit inspecter attentivement trois pièces (salon, cuisine, salle de bain) pour repérer d’éventuelles anomalies. Ces anomalies, parfois flagrantes, parfois discrètes, prennent la forme de distorsions visuelles, de sons inquiétants ou d’objets déplacés. Une fois l’inspection terminée, il faut choisir : ouvrir la porte aux visiteurs, ce qui valide l’absence d’anomalies, ou bien prendre une pilule, indiquant qu’on a perçu un dérèglement de la réalité. Une mauvaise décision entraîne une rechute immédiate, et le joueur recommence au premier jour.
Le scénario, présenté par fragments, met en scène un personnage atteint de troubles psychiques, à la mémoire défaillante. Au fil des huit journées nécessaires à la guérison, des éléments narratifs surgissent via des objets trouvés, des dialogues intérieurs ou des événements surnaturels. Des morceaux de poupée sont disséminés dans l’environnement, servant de clés pour débloquer la vérité sur l’identité du protagoniste et l’origine de sa maladie. Le jeu propose trois fins principales et une « vraie » fin accessible après avoir exploré les précédentes. Le tout repose sur une ambiance oppressante, faite d’attentes, de silences tendus et de brusques surgissements de l’étrange.
On tourne en rond…
Si Who’s at the door? réussit à poser une ambiance marquée, son gameplay cyclique montre vite ses limites. L’environnement unique, aussi soigné soit-il, devient répétitif au bout de quelques boucles, et l’absence de nouvelles mécaniques au fil de la progression renforce cette sensation de redondance. Le jeu repose beaucoup sur l’observation et la mémoire visuelle, mais n’offre que peu de marge d’erreur : une mauvaise interprétation d’un événement entraîne une perte sèche de progression, ce qui peut devenir frustrant. De plus, la logique des anomalies n’est pas toujours clairement définie, ce qui crée parfois des situations injustes où la bonne décision relève plus de l’intuition que de l’analyse.
Un autre point de friction réside dans l’utilisation d’éléments générés par intelligence artificielle, notamment pour certains visuels et sons. Si cela peut enrichir la variété des hallucinations, cela nuit aussi à la cohérence artistique de l’ensemble. Enfin, malgré une promesse de narration progressive, l’histoire peine à s’incarner pleinement. Elle reste souvent symbolique et floue, et ne trouve son intérêt que dans la dernière partie de l’aventure, une fois toutes les fins débloquées.
Malaise simulator
Malgré ces défauts, le jeu excelle dans ce qu’il cherche à faire : installer une tension constante et maintenir un sentiment de paranoïa croissant. L’atmosphère sonore, discrète, mais oppressante, fonctionne parfaitement, tout comme la mise en scène des anomalies, souvent surprenantes et bien intégrées dans le décor. Le jeu évite dans l’ensemble les jumpscares gratuits et privilégie des effets plus subtils, renforçant l’aspect psychologique du malaise.
Techniquement, Who’s at the door? est fluide et visuellement propre. L’environnement unique est riche en détails et évolue subtilement au fil des jours. La durée de vie, autour d’1 h 30, est cohérente avec le prix demandé, et un mode infini permet de prolonger l’expérience au-delà de la trame principale. Enfin, la structure à plusieurs fins, associée à une progression par petits indices et à des événements scriptés bien rythmés, encourage la rejouabilité sans jamais l’imposer.
SKONEC Entertainment, les spécialistes de la VR
SKONEC Entertainment n’est pas un nouveau nom pour les amateurs de technologies immersives. Fondé en Corée du Sud, le studio s’est fait connaître dans les années 2010 grâce à ses expérimentations en réalité virtuelle et ses collaborations avec des institutions culturelles et médicales. Leur expertise en narration interactive et en design d’expériences sensorielles transparaît clairement dans Who’s at the door?, qui se démarque par un usage maîtrisé de l’espace restreint et une ambiance minutieusement calibrée.
Le choix de se tourner vers un format court et intense, plutôt qu’un jeu d’horreur classique à progression linéaire, montre une certaine audace créative. SKONEC Entertainment applique ici une philosophie de design resserré, quasi expérimentale, où chaque élément visuel ou sonore est chargé de sens, même si tout n’est pas explicitement expliqué. Ce minimalisme narratif, hérité de leurs projets en VR, trouve ici un prolongement naturel dans un jeu purement PC, à la frontière du walking simulator et du puzzle psychologique.
Who’s at the door? est une expérience brève, mais troublante, qui joue habilement avec les perceptions du joueur pour lui faire vivre une plongée dans la psychose. S’il souffre de quelques limites structurelles et d’un manque de clarté dans ses règles internes, il compense par une ambiance marquante et un design réfléchi. En dépit de l’usage de contenus générés par IA qui pourra diviser, SKONEC Entertainment livre un jeu singulier, à la croisée du jeu narratif et de l’expérience sensorielle.