Si comme moi vous êtes amateur de cinéma, vous vous êtes probablement équipé avec un lecteur Bluray ou d’une console capable de lire ces médias optiques. Même si la tendance est au tout dématérialisé, les films sont toujours encore (un peu) vendus au format physique. Si la PlayStation 2 avait réussi à convaincre tous les foyers de s’équiper d’un lecteur DVD, il semblerait que le Bluray n’ait pas connu cette même popularité.

DVD

C’est beaucoup trop cher

Ne tournons pas autour du pot, le principal problème du format Bluray c’est son tarif qui a toujours été excessif. D’un point de vue purement industriel, rien ne justifie un tel prix. Les méthodes de fabrication des supports optiques sont maitrisés depuis plusieurs décennies maintenant et bien que le Bluray soit un peu plus complexe à produire, aujourd’hui les rendements des machines compensent très largement ces « surcoûts ». Basiquement c’est un positionnement marketing justifié par une plus grande qualité d’image.

Bien entendu, l’inflation est passée par là mais lorsque l’on regarde un peu ce qui se pratique, on réalise vite qu’un film HD récent est rarement en dessous 20€, sans parler de leurs version Ultra HD qui prend généralement 10€ de plus. On comprend que cela n’a jamais incité le grand public à se tourner vers ce format. Même en tant que passionné, j’avoue avoir du mal à lâcher 30 balles dans une nouveauté. Pour ma part, j’ai tendance à me tourner vers le marché de l’occasion ou à sauter sur les promotions lorsqu’il y en a.

Ventes de Bluray

Avec le temps, les prix descendent un peu mais un Bluray n’est rarement en dessous des 15€, là où on peut assez facilement trouver des DVD à moins de 10€. Une chose qui explique probablement que le DVD est toujours plus populaire que les nouveaux formats HD et Ultra HD. J’ajouterais que le DVD est aussi bien plus interopérable. Ceux qui ont déjà essayé de lire un Bluray sur un PC comprendront probablement où je veux en venir : c’est un enfer. Les DRM sont un cauchemar rendant même la lecture de certains films impossible sur certains lecteurs un peu ancien. Des problèmes techniques que l’on n’a pas avec un DVD.

On notera tout de même l’inefficacité de ces protections qui n’ont jamais empêché le rip des Bluray. Des protections anti-copie qui n’embêtent que ceux qui achètent leurs films en fin de compte.

Les promesses de l’industrie de la musique

On se souvient aussi des maisons de disques qui promettaient des tarifs plus attractifs avec la démocratisation du CD qui, de mémoire, ne coutaient que deux Euros à produire. Ici, la méthode de production est moins couteuse que celle des cassettes ou des vinyles. Pourtant nous n’aurons jamais vu de baisse significative sur le prix des albums qui ne seront réellement devenus abordables que lorsque le marché à commencé à s’effondrer. Toutefois, encore aujourd’hui, il n’est pas rare que les artistes populaires vendent leurs albums dans les 20€ en physique. On comprend assez facilement que le grand public se soit tourné vers les plateformes de streaming.

Pourtant certains audiophiles continuent à acheter des CD afin d’obtenir une qualité audio assez irréprochable et sans compression. En effet, même dans les offres « audio HD » que l’on trouve sur le marché, la musique reste souvent compressée. Une chose qui ne sera probablement entendue que par une très faible partie de la population mais le fait est que cette compression est bien là. Lorsque l’on s’équipe avec du matériel très haut de gamme, il faut que la source soit aussi très qualitative. Encore aujourd’hui, il n’y a guère que le CD qui est capable d’offrir cela. Toutefois c’est devenu un marché très niché visant les auditeurs les plus exigeants et/ou les collectionneurs.

Sur le papier les « DVD audio » faisaient aussi une très belle promesse mais ça n’est pas forcément quelque chose qui s’est démocratisé. Toutefois les Bluray et les DVD de concerts sont probablement l’une des meilleures expériences audio qui existent. Il même possible de vivre ces expériences en 5.1 sur certaines éditions. Une fois de plus, le grand public n’aura pas été séduit notamment à cause de l’équipement nécessaire. On en revient toujours au même sujet : le coût.

On le voit bien dans la manière de consommer la musique. Cela se passe sur smartphone ou dans le meilleur des cas sur une petite enceinte Bluetooth. Un Bluetooth qui recompresse encore plus le son. La plupart de ces petites enceintes grand public « cachent la misère » avec de bonnes basses et/ou des traitements audio qui arrivent à convaincre la plupart des auditeurs. Toutefois le marché audiophile semble en croissance, il faut dire que le matériel haut de gamme a de vrais arguments. On le voit notamment avec des produits que l’on peut trouver chez Son-Vidéo.com, par exemple. Il y a là une véritable communauté de résistants qui fait de plus en plus d’émules.

Le vinyle est toujours là !

La musique est un marché étrange. Alors que ce divertissement est devenu très abordable avec les plateformes de streaming, le format vinyle a toujours la cote. Même s’il faut relativiser avec l’effondrement des ventes physiques, il se trouve qu’il se vend aujourd’hui presque autant de CD que de vinyles. L’objet a quelque chose de particulier et que l’on a jamais retrouvé avec les disques compacts. Même s’il y a eu des efforts pour proposer des coffrets un peu plus premiums, la grande taille d’une pochette vinyle séduit plus les collectionneurs.

Ventes vinyles et CD

Bien que le son ne soit pas forcément « meilleur », il conserve la chaleur de l’analogique. C’est réellement quelque chose que l’on a perdu avec le numérique. Il n’est pas étonnant qu’encore aujourd’hui, certains artistes enregistrent sur bandes en studio. Là encore c’est beaucoup trop subtile pour le grand public mais le fait est que ce format à son identité audio. Avec le recul, on réalise à quel point le numérique n’a fait que réduire la qualité d’écoute que ce soit par les formats source ou le matériel bon marché.

Acheter l’objet a aussi un effet sur la manière dont on consomme un média. Cet album, on l’écoute en entier et dans l’ordre. On respecte un peu plus l’œuvre dans son intégralité. Une autre chose que l’on a perdu avec le dématérialisé où l’on picore des titres ou des playlists thématiques. Les concepts albums sont de plus en plus rares. On imagine mal aujourd’hui, un groupe sortir un « The Wall » comme l’avait fait Pink Floyd à son époque. Désormais on vise LE hit qui fera exploser les compteurs sur les plateformes de streaming. Peut être sommes-nous entrés dans l’ère du single ?

Une plus grande qualité d’écoute : l’avenir du numérique ?

Bien qu’il existe des plateformes dédiées aux audiophiles, j’ai assez de peine à comprendre pourquoi ça n’est pas la norme. Certes, il y a une histoire de bande passante mais aujourd’hui on peut streamer des vidéos en 8K sur YouTube sans mal. Alors quand on voit le bitrate proposé par la plupart des plateformes de streaming audio, on souffle fort. Le minimum serait de pouvoir écouter avec une qualité égale à celle d’un CD. Même si les algorithmes de compressions sont impressionnants, pour une oreille de musicien comme la mienne, ça pique toujours un peu. Je pense sincèrement que le grand public a oublié quelle était cette qualité d’écoute que l’on pouvait avoir au début des années 2000, même sur les mini-chaînes vendues en supermarché.

Toutefois il y a un certain revirement sur ce marché notamment avec des plateformes comme Qobuz ou Tidal qui sont capables d’offrir une qualité studio à ses clients. Avec des formats pouvant atteindre les 24 bits/192 kHz, c’est exactement de cela dont il est question ici. Même si l’on reste sur un format compressé en FLAC, c’est toujours mieux que ce que l’on peut avoir ailleurs. Si l’on veut être exigeant, il faut proposer un son non compressé. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de la qualité d’écoute mais aussi de la qualité de traitement que peut offrir le matériel. Avec une source parfaite, les réglages peuvent être extrêmement très précis. Certes, on est là sur une niche de core audiophiles mais on peut le faire alors pourquoi s’en priver ?

Je pense sincèrement qu’il faut démocratiser cet « audio HD » et pourquoi pas même aller vers un « audio Ultra HD ». Proposer la meilleure expérience possible aux auditeurs, c’est probablement l’un des challenge de l’industrie musicale. Il faut qu’il y ait cet effet « WAHOU » comme on l’a eu avec l’apparition des Bluray qui faisaient la différence. En tant que musicien, je me rends compte à quel point la musique a réellement perdu en qualité d’écoute ces 20 dernières années et l’apparition de ces nouveaux services « premium » me font dire que peut être, on s’est enfin rendu compte de tout cela.

On va perdre le format physique, c’est inexorable. D’ici une génération ou deux, on ne trouvera plus de CD ou de DVD, c’est un fait. Alors il faut que le numérique arrive à les surpasser. Cela commence à arriver timidement mais il faut vraiment que l’on arrive à en faire une norme. Le cinéma avance en allant vers des résolutions de plus en plus dingues comme avec la 8K alors pourquoi l’audio, lui aussi, n’irait-il pas plus loin ? En tout cas, c’est tout ce que l’on peut espérer pour l’avenir.