Dans les années 80 et jusque dans les années 90, le rock avait une vraie place médiatique dans notre pays. On a vu l’émergence de nombreux groupes indépendants dont le principal but était de faire des concerts. Les Thugs font partie des pionniers en France avec les Noir Désir qui avaient débuté à cette même époque. Peut-être plus discret, les angevins ont laissé une trace impérissable dans l’histoire du rock français.

Les Thugs

Les deux frères Eric et Christophe Sourice ont démarré la musique dans le punk avec les groupes IVG, Dazibao puis Stress. Ils étaient bien loin d’imaginer que Les Thugs les emmèneraient jusqu’aux États-Unis un jour. Si l’histoire a débuté en 83, il faudra tout de même attendre 85 pour voir débarquer leur premier enregistrement avec l’album « Frenetic Dancing » enregistré sur un 8 pistes dans une cave parisienne. Il s’écoulera tout de même à 1200 exemplaires et les fanzines à l’époque lui avaient réservé un très bon accueil.

Avec « Radical Hystery » en 1986, le groupe franchi les frontières et se produit en Suisse, à Zagreb et même à Athènes. Très productif, Les Thugs sortent  » Electric Troubles » un an plus tard qui signera le début de longues tournées en Europe, mais aussi le départ de Gérald qui sera rapidement remplacé par Pierre-Yves à la basse, le petit frère des membres fondateurs.

On ne les arrête plus. En 89, ce sont les États-Unis qui attendent le groupe pour une tournée un peu à l’arrache, mais le voyage leur permet de faire de belles rencontres comme PIL, Tad ou encore Jello Biafra. Tout à coup la presse s’intéresse à eux, on commence à lire des articles à leur sujet dans Rock & Folk. Comme si traverser la manche avait rendu le groupe international (il l’était déjà).

Cette même année sort « Still Hungry, Still Angry », véritable album studio qui leur vaudra de faire la première partie de Noir Désir à l’Olympia. Rien que ça.

1991, c’est la hype. « I.A.B.F » est distribué jusqu’aux États-Unis, mais c’est probablement « As Happy as Possible » qui sera leur plus gros succès avec près de 40000 copies vendues dans le monde. Plutôt impressionnant pour un petit groupe d’Angers qui répétait dans une cave.

Malgré leur tournée avec Therapy? aux USA, les albums suivants ne connaîtront malheureusement pas le même succès. « Strike » sera plus confidentiel. Si qualitativement le groupe a toujours été dans les clous, pour une raison obscure le public n’a pas vraiment suivi.

C’est en 1997 que les angevins décident de s’auto-produire et sort « Nineteen Something », un excellent album, mais qui ne se vendra « seulement » qu’à 10000 exemplaires. Christophe, le batteur, quitte la bande à cette même période, mais produira par la suite « Tout doit disparaître », un disque d’adieux qui sera suivi d’une petite tournée d’une vingtaine de dates pour finir en 1999 à la Roche-sur-Yon.

Avec près de 700 concerts à leur actif, Les Thugs restent pour moi le symbole d’un rock français qui s’est petit à petit fait effacer par la musique électronique dans les années 2000. Une page s’est tournée à cette époque, laissant derrière elle des orphelins du rock. Mon histoire personnelle ira vers le nu-metal, à l’époque, où j’y ai trouvé un refuge salvateur.

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