« Toujours là pour vous », c’est le slogan utilisé pour la promotion de l’assistant de Google. Si au quotidien ce service permet de réaliser des tâches simples comme donner la météo, ajouter des évènements au calendrier ou diffuser de la musique, qu’en est-il de la voiture, de la domotique et du contrôle de la maison ? Pour y voir plus clair, j’ai tenté l’expérience de commander une maison et d’automatiser certaines tâches.

Google Assistant

Sur le papier…

J’utilise Google Assistant depuis plusieurs années maintenant. Sur smartphone pour l’essentiel. Il me permet de définir certains rappels, d’ajouter des rendez-vous à mon agenda et d’obtenir des réponses à certaines questions lorsque je travaille. Dans l’ensemble, ça fonctionne plutôt bien et il permet de rester concentré sur la tâche en cours sans avoir à ouvrir un onglet pour effectuer une recherche. On peut l’activer naturellement avec la fameuse commande « Ok Google » qui ne peut malheureusement pas être changée. Un problème qui dure depuis longtemps et qui peut causer certains problèmes lorsque vous avez plusieurs appareils qui peuvent répondre en même temps chez vous. Bien que cela soit une demande très populaire, Google n’a jamais voulu activer une telle option et c’est déjà un gros point noir. D’autant plus que l’écosystème Android a vite fait de s’intégrer dans beaucoup de produits connectés comme les écrans du salon, les tablettes et les smartphones.

Malgré ce petit bémol, au quotidien il rend beaucoup de services et permet d’obtenir des réponses rapides sans devoir s’arrêter pour effectuer une recherche. C’est un bel outil de productivité pour peu que l’on prenne le temps de l’apprivoiser. Equipé sur la plupart des smartphones Android, Google Assistant est très simple à utiliser et à configurer. Tout du moins pour ces tâches basiques. En voulant aller plus loin, j’ai commencé à mettre en place des « routines » qui permettent (en théorie) d’effectuer plusieurs tâches à la suite avec une simple commande vocale. En théorie seulement puisque dans la pratique, l’assistant à tendance à sauter certaines tâches quand il ne dit pas carrément « qu’il y a un problème » ou « qu’il ne peut pas faire ça ». Des commandes qui fonctionnent très bien à l’unité mais pas lorsqu’elles sont définies dans une routine.

Typiquement, j’ai une commande lorsque je quitte mon domicile qui éteint mon écran principal, coupe la lumière et active les caméras de sécurité. Généralement il n’arrive pas à éteindre l’écran mais coupe sans problème l’éclairage et allume mes caméras. Aucun message d’erreur particulier, ça fonctionne pas.

Google Assistant avec Android Auto

J’ai récemment changé de véhicule et il était équipé de série avec Android Auto. Si j’étais assez enthousiaste à l’idée de ne plus avoir à interagir avec l’écran à bord de ma voiture. Dans la pratique, il est souvent nécessaire de confirmer des choses sur cet écran. Difficile de garder les mains sur le volant dans ces conditions. Si on peut définir un itinéraire sur Waze à la voix, il faudra tout de même choisir la destination à l’écran. L’assistant se contentant de lancer une recherche sur l’application. C’est déjà pas mal mais, selon moi, il ne va pas au bout des choses surtout lorsque la commande est précise. C’est assez aléatoire à vrai dire.

En voiture, on peut aussi changer la musique à la voix. La plupart du temps ça fonctionne convenablement. « Ok Google, met une playlist de post hardcore neo industriel » démarrera une playlist Spotify, Deezer ou YouTube Music dans le genre demandé. Vous pouvez, bien entendu, lancer vos propres playlists, des genres musicaux ou des artistes. Je dirais que dans l’ensemble, cela permet de garder les mains sur le volant. Bien que parfois l’assistant ait du mal à nous entendre convenablement notamment lorsque les fenêtres sont ouvertes ou qu’il y a du bruit dans l’habitacle. J’imagine que c’est assez inhérent à la qualité du micro équipé sur mon modèle de voiture.

Basiquement Android Auto, c’est un Android amputé de nombreuses fonctionnalités. S’il semble assez cohérent de ne pas pouvoir utiliser YouTube en conduisant ou de lancer une série Netflix, il manque beaucoup de choses à cette interface dont l’ergonomie est assez aléatoire et oblige parfois à devoir garder son regard sur l’écran tant il est nécessaire d’effectuer de multiples taps sur certaines applications comme Spotify. En théorie, l’assistant devait pallier à ce problème mais dans la pratique, on a souvent besoin de revenir sur l’écran et ça n’est pas toujours aisé lorsque l’on est au beau milieu du trafic. Clairement l’usage d’un Android « classique » est plus facile au volant.

En voiture, Google Assistant est lui aussi amputé de certaines fonctionnalités comme l’absence des routines. Par exemple, vous ne pouvez pas lui dire « je suis arrivé chez moi » et activer des choses avant votre descente du véhicule. On imagine le problème si vous avez un portail d’entrée connecté ou si, comme moi, vous souhaitez couper la surveillance de votre domicile avant d’y rentrer. La plupart du temps, vous aurez le droit à « je ne peux pas encore faire ça » comme réponse.

Parce que selon le device utilisé, l’assistant n’aura pas toujours le même comportement et c’est assez étonnant de la part d’un service dans le cloud qui puise ses ressources sur les mêmes serveurs. Défauts de conception ? Problème techniques ? Difficile de dire pourquoi le service fonctionne ainsi. C’est finalement très frustrant.

La domotique quand ça a le temps

Histoire de pousser l’expérience jusqu’au bout, je me suis équipé d’éclairages et de prises connectés. Des Google Home mini sont disposés dans mes pièces principales. Si je peux simplement lancer de la musique sur mes enceintes, allumer mon écran et gérer la lumière dans différentes pièces, là encore on rencontre des limitations pas forcément compréhensibles. Si je suis plutôt satisfait de la gestion des ampoules que l’on peut allumer ou éteindre à loisir, pour ce qui est des prises, c’est une autre paire de manche. Si cela fonctionne relativement bien, dès qu’il faudra programmer leur allumage, l’assistant vous répondra tout simplement que ça n’est pas possible. Il faut « faire croire » à l’assistant que ces prises commande des lumières et là, ça fonctionne. Absurde.

On est assez étonné que cela ne fonctionne pas puisque on peut le faire avec l’éclairage. Pas beaucoup de cohérence dans le fonctionnement de cet assistant. A mesure que l’on avance dans les options plus avancées, on réalise que Google Assistant n’est pas en mesure de répondre à toutes les demandes. Allumer sa cafetière automatiquement le matin à une heure précise n’est tout simplement pas possible. C’est vraiment regrettable car ces fameuses prises connectées permettent de faire énormément de choses dans une maison et à faible coût. D’autant plus qu’on ne peut pas dire que ce soit une technologie particulièrement nouvelle.

Pour ce qui est des lumière, j’utilise des modèles Yeelight que je pilote grâce à l’application Xiaomi. Mes premiers modèles fonctionne parfaitement mais j’ai récemment ajouté une ampoule qui n’est pas reconnue par Google. Allez savoir pourquoi. Je dois donc connecter mon compte Xiaomi et mon compte Yeelight. J’ai donc des doublons que j’ai déplacé dans une « pièce virtuelle » afin qu’ils ne soient pas pris en compte. Un véritable enfer.

Si Google pousse son écosystème Nest, il reste tout à fait possible de connecter à l’assistant d’autres services. Il suffit de lier le compte du constructeur de vos appareils à votre compte Google. C’est assez simple. On regrette juste qu’il ne semble pas y avoir de norme et que chacun y va de ses commandes personnalisées et ces objets connectés ne comprennent pas toujours la pièce dans laquelle ils sont. Parfois ça fonctionne, parfois non. On ne sait pas trop pourquoi il y a des commandes qui passent et d’autres pas. Par exemple, j’ai deux Roomba à mon domicile que j’ai connecté à l’assistant. Si je lui demande « passe l’aspirateur dans la maison », il lancera uniquement le robot du rez-de-chaussée et je dois lancer le robot à l’étage avec une autre commande en spécifiant le nom de l’aspirateur. Pourquoi ? Je n’ai pas la réponse à cette question.

Du côté multimédia, c’est pas la joie. Mon téléviseur XH9096 refuse d’être commandé à la voix de manière aléatoire. Après plus d’un an et demandes répétées chez Sony et Google, le bug n’est toujours pas corrigé. Autant dire que pour lancer des vidéos sur votre écran, ça n’est pas encore très au point. Idem avec la musique avec un Google Home qui refuse purement et simplement de se connecter à des enceintes Bluetooth. Il faudra alors aller dans les options de l’application, supprimer les enceintes et les ajouter de nouveau pour que cela fonctionne. D’après mes recherches, c’est un bug qui dure depuis 2016 !

Une trop grande diversité d’appareils et pas de normes ?

Si dans cet article j’appuie beaucoup sur les défauts de cet assistant, au quotidien cela reste très pratique. Bien qu’il y ait de nombreuses frustrations et de l’incompréhension dans certains fonctionnements, la mise en place d’un tel service n’est pas aisé. Il faut bien comprendre que la gigantesque diversité d’appareils connectés qui existent sur le marché rend assez complexe le développement car l’assistant doit s’adapter à tout ce bordel. Un bordel car tous les constructeurs y vont de leur application et de leurs fonctionnalités. S’il existe bien des normes en terme de domotique, pour ce qui est des assistants, ça n’est pas encore le cas et en fonction des marques vous n’aurez pas toujours les mêmes comportements ou les mêmes options.

C’est encore la jungle et des systèmes propriétaires comme ceux de Google sont particulièrement opaques pour ceux qui fabriquent ces objets mais aussi pour les utilisateurs qui peuvent ne pas obtenir satisfaction parce que telle ou telle fonctionnalité n’est pas disponible ou qu’en fonction de l’appareil vous aurez le droit faire telle ou telle chose. Bien que je dresse un tableau assez négatif, la plupart du temps on arrive à faire ce que l’on souhaite. Je pense que c’est surtout pour les power users que l’expérience est en demi-teinte. Je regrette aussi que la presse spécialisée dans le high tech n’évoque jamais tous ces problèmes pourtant lorsque l’on cherche un peu sur les forums de support, certains soucis semblent être très présents depuis des années. Je vous ai déjà parlé de l’importance de l’indépendance des médias ?

Toutefois et pour vous laisser avec une note positive, l’écosystème de l’assistant Google reste intéressant si vous souhaitez vous lancer dans la domotique. Sa large comptabilité avec de nombreux produits du marché en font un incontournable si vous ne voulez « pas vous prendre la tête ». Se pose aussi la question de la confidentialité bien que le deal avec Google est très clair, ils exploiteront toutes ces données pour mieux vous cibler. A voir comment les choses évolueront dans les prochains mois mais pour être tout à fait honnête, je commence à regarder du côté des solutions open source qui demandent plus d’investissement mais qui ont l’avantage de pouvoir s’adapter à tous nos besoins.

Pour conclure, je dirais que l’assistant fonctionne plutôt bien dans la plupart des cas bien qu’on ne comprenne pas pourquoi il n’a pas toujours le même comportement selon l’appareil utilisé. Certaines frustrations autour des routines qui ne s’exécutent pas toujours correctement et des problèmes probablement issus des softwares des constructeurs. C’est un vrai bazar et Google tente de remettre de l’ordre mais la tâche est rude mais il y a clairement des choix incompréhensibles qui sont pris dans le développement de cet assistant.