C’est comme ça… Parfois on tombe sur le couteau le moins aiguisé du tiroir. Soyons sérieux un moment et prenons le temps de regarder où en est la place des femmes dans les jeux vidéo mais aussi dans cette communauté souvent problématique.
Pour bien comprendre d’où l’on vient, il est nécessaire de rappeler qu’au début des années 80, le média ciblait essentiellement les petits garçons. Le jeu vidéo était un jouet genré. Même si rapidement on aura vu apparaitre des petites filles dans les publicités. Le gros du marché a longtemps été très masculin. Y compris dans les sociétés de développement de jeux.
Aujourd’hui, les choses ont beaucoup changées. Si on en croit l’étude du SELL publiée en 2022, dans la communauté gaming, il y a désormais autant de femmes que d’hommes. Ce divertissement touche maintenant tout le monde et il est évident qu’il y a encore quelques années, les héroïnes n’étaient pas très présentes.
Par ailleurs, les héroïnes qui existaient étaient souvent des personnages féminins ultra-sexualisés. On pense immédiatement à Lara Croft et son opulente poitrine qui n’existait que pour cibler des adolescents dont les hormones bouillonnaient. Le marketing de l’époque ciblait les « gros beaufs qui aiment les gros seins, les bagnoles et les flingues ».
Oui, les marchands de jeux vidéo vous prenaient pour des idiots et la plupart de leurs campagnes publicitaires allaient dans ce sens. Un phénomène amplifié par le fait que les jeux vidéo étaient aussi développés par des hommes dans leur grande majorité.
C’est pour cette raison que dans la plupart des titres sortis dans le passé, il y avaient toujours ce « male gaze ». Des jeux créés par les hommes et pour les hommes. Bien qu’il y ait eu des tentatives de représentations dès le début comme Miss PacMan qui faisait ce qu’elle pouvait pour avoir l’air d’une femme, ça n’était clairement pas la norme.
On peut aussi évoquer le twist de fin de Metroid quand le joueur apprenait que le personnage que l’on dirigeait depuis le début était en fait une femme. Si peu représentées que la découverte de Samus Aran par la communauté était un petit évènement en soi. On revient de loin…
Une ambiance misogyne qui durera très longtemps et encore aujourd’hui, on sent bien que dans certaines communautés en ligne que le média jeu vidéo est encore une chasse gardée pour les hommes.
On sent aussi qu’il y a toujours eu cette envie de toucher l’autre moitié du marché de la part des éditeur mais ça aura mis de nombreuses années avant d’être palpable. Il n’y a pas si longtemps que ça, la plupart des personnages principaux dans les jeux était des hommes bodybuildés et bien hétéros. Une représentation qui n’aura servi qu’à nourrir une masculinité toxique et générant un idéal impossible à atteindre pour les hommes.
C’est comme ça que l’on a vu apparaitre un héro comme Nathan Drake sous la plume d’Amy Hennig qui voulait un personnage plus Humain avec ses faiblesses et qui parlait probablement plus au grand public. On notera aussi l’apport de la vision d’une femme dans la construction de ce personnage.
Par la suite, on a vu apparaitre des personnages féminins un peu plus intéressants et moins sexualisés. Le meilleur exemple restant celui que j’ai pris en début de vidéo : Lara Croft.
Dans les derniers épisodes, on est loin de la bimbo avec des proportions irréalistes. Lara est bien plus humaine, elle rencontre de vraies difficultés et est rapidement devenue un vrai modèle pour les femmes. Selon moi, elle est l’un des plus beau symbole de ce changement de mentalité.
L’extrait de stream que je vous ai montré en début de vidéo évoque un « pinkwashing » et la présence de « trop de femmes » dans les jeux récent (je cite, hein). Alors certes, il s’agit clairement d’une posture marketing pour toucher une cible de joueuses mais c’est aussi essentiel.
Si on en croit une étude réalisée lors de l’E3 de 2020, parmi tous les jeux qui avaient été présentés, on comptait la présence 18 % de personnages féminins et de 23 % de personnages masculins. La dernière moitié laissait le choix aux joueurs. Des chiffres plutôt positifs lorsque l’on sait que l’année précédente, on avait recensé 5 % d’héroïnes dans les titres annoncés.
Le sujet avance et pour la première fois dans l’histoire du jeu vidéo, les personnages féminins sont mis en avant. Effectivement, on pourrait se dire que l’on voit beaucoup plus qu’avant. La vérité, c’est que les comptes s’équilibrent. Contrairement à ce qu’il se dit, il n’y a pas « trop » de femmes et quand bien même ce serait le cas, elles ont bien mérité d’avoir un peu de lumière. En plus de 50 ans, c’est la première fois que les femmes mais aussi les petites filles ont des modèles sérieux auxquels s’indentifier.
On évoque souvent cette identification au personnage. Un truc assez essentiel dans les expériences vidéo-ludiques. Certes il est toujours intéressant d’incarner un personnage qui pourrait nous ressembler mais selon moi, il est tout aussi intéressant d’entrer dans la peau d’un personnage capable de nous donner une autre vision du monde.
En tant qu’homme hétéro, je n’ai aucun mal à incarner un personnage féminin, LGBT+ ou racisé. Ce sont de nouvelles expériences qui permettent de découvrir les difficultés de certaines minorités. Honnêtement, vous n’êtes pas fatigué de ces héros qui sauvent la veuve et l’orpheline pour libérer la princesse ? Je pense sincèrement que l’on a vraiment fait le tour de ces scénarios usés jusqu’à la moelle.
Aujourd’hui, le média à beaucoup à offrir et on devrait se réjouir de la diversité de personnages qu’il propose. Même s’il reste beaucoup de chemin à faire, ce sont de très belles histoires originales qui sont encore à raconter. Peut-être que l’on a besoin d’autres points de vues que celui des hommes. Des hommes qui ont pris toute la place durant des décennies.
Alors non, il n’y a pas trop de femmes dans le jeu vidéo. Elles ont besoin d’exister sur ce média et dans les autres. Les inégalités existent toujours et à la vue des vives réactions que l’on rencontre encore de nos jours, mettre en avant ces héroïnes devrait avoir un effet bénéfique sur la communauté gaming qui, a de nombreuses reprises, a montré à quel point elle pouvait être problématique.
Une chose est certaine, il va falloir vous habituer à voir des femmes dans le jeu vidéo. Parce que le monde ne tourne pas autour de votre pénis ou de votre hétérosexualité. La diversité de notre société commence à peine à exister dans nos divertissements.
Je me dois aussi d’évoquer l’état des lieux du streaming. Quand on regarde un peu les créateurs les plus populaires, les femmes ne représentent qu’une petite dizaine de pourcents. Twitch, comme d’autres réseaux sociaux, arrive a créer une petite bulle autour de nous. La plateforme a tendance à recommander plus facilement des hommes que des femmes. Les algorithmes ainsi que les intelligences artificielles embarquent des biais que se ressentent dans les résultats que ces outils nous offrent. Naturellement, le sexisme conscient ou insconcient des développeurs se retrouvent dans leurs programmes.
Je vais conclure cette vidéo en vous parlant de certaines sociétés matriarcales qui existent sur la planète. Des sociétés où ce sont les femmes qui sont les cheffes de famille. Figurez-vous que l’on y constate moins d’inégalités et moins de violences. Alors peut-être que l’on devrait un peu plus écouter les femmes et les mettre à l’honneur…